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« Pour aller plus loin, il faut accepter de sortir de sa zone de confort et d’aller vers l’inconnu! »

04-12-2017 / Succès d'entrepreneur

 Entretien avec M. Martin Le Moine, président de Fruit d’Or

En octobre dernier, dans le cadre d’une visite du Club des leaders de Victoriaville, nous avons eu la chance d’être reçus par monsieur Martin Le Moine, président de Fruit d’Or. C’est avec beaucoup de transparence et d’humilité qu’il nous a partagé son parcours d’entrepreneur et parlé de son entreprise. Spécialisée dans la transformation de canneberges et de bleuets, Fruit d’Or compte 235 employés et un réseau de ventes actif dans plus de 50 pays. Son siège social est situé à Villeroy au Centre-du-Québec. Voici donc les grandes lignes de nos échanges avec M. Le Moine. 

Quel a été votre parcours jusqu’à Fruit d’Or?

Tout d’abord, contrairement à plusieurs, je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs, mais enfant, nous avions une fermette. Ça m’a fait découvrir l’agriculture. J’ai donc étudié à l’ITA de Saint-Hyacinthe. Après mes études, j’ai été conseiller technique dans une coopérative agricole. Parallèlement, je suivais des cours en administration. Le déclic s’est fait là ! J’ai réalisé que j’avais le profil d’entrepreneur! À partir de ce moment, ce fut une succession d’opportunités. J’ai acquis une ferme d’élevage porcin, puis une deuxième. Ce qui m’a amené à m’intéresser à la valorisation des sous-produits agroalimentaires pour l’alimentation animale. Avec mon frère Stéphane, on a créé l’entreprise Prorec, où je suis resté deux ans. Ensuite, une autre occasion s’est présentée dans la production de canneberges et il y a eu Fruit d’Or!

Comment vous décririez-vous comme entrepreneur?

J’aime être quelques années dans un projet et ensuite passer à autre chose. J’ai donc eu plusieurs vies.

Je crois que suis un entrepreneur opportuniste. Je ne suis pas un entrepreneur visionnaire. Je n’avais jamais pensé avoir des fermes, fonder Prorec, etc. Quand je me suis lancé dans la canneberge, je n’avais même jamais vu ou gouté de canneberge de ma vie! Ce sont des opportunités qui se sont présentées. Par contre, j’ai le talent pour les voir et les saisir. J’en vois même pour les autres!

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Le secteur agroalimentaire est très compétitif, comment avez-vous réussi à faire votre place dans ce marché?

Pour moi, il a toujours été clair qu’en faisant comme les autres, on ne pourrait pas se différencier. Fruit d’Or est un fournisseur d’ingrédients pour des transformateurs de partout à travers le monde, notamment pour les fabricants de jus et de collations. On offre donc un produit de commodité, dans un marché de prix. Nos produits sont en compétition avec ceux de la Chine, du Chili… Ce qui nous a permis de nous démarquer est d’avoir développé une expertise dans la culture biologique et de s’être positionné rapidement dans cette niche. Aujourd’hui, nous sommes le numéro un mondial dans la production de canneberges bio.

Parlez-moi d’un défi que vous avez rencontré?

En 2008, nous avons eu une première expérience de diversification avec un partenaire dans la production de bleuets. Au début, on devait séparer Fruit d’Or de cette coentreprise, mais pour toutes sortes de raisons, cela ne s’est pas fait. Malheureusement, la conjoncture économique, les problèmes de structure, le manque d’expérience dans cette production et le désir de vouloir grandir trop vite ont fait que les résultats espérés n’étaient pas au rendez-vous. L’ajout de la crise financière de 2009 et la chute des prix nous ont aussi affectés et Fruit d’Or était peu à peu entraîné. Il a donc fallu se retirer. Toutefois, on n’a pas laissé tomber notre idée de produire du bleuet. On s’est repris plus tard, mais différemment.

Qu’avez-vous appris de cette expérience ?

En y repensant, je crois que c’est une bonne chose que ce soit arrivé. Ça nous a amenés à revoir notre gouvernance. Notre principal danger dans l’entreprise, c’était nous-mêmes! On se devait de mettre en place des filtres pour être certains de garder le focus sur nos objectifs. On s’est donc doté d’un conseil d’administration. C’est aussi à ce moment que j’ai créé mon conseil de famille, car mes enfants souhaitent prendre la relève, dont deux qui sont déjà très impliqués. Il y a aussi eu des comités consultatifs avec des intervenants externes. On a fait une réflexion stratégique en profondeur et on l’a suivie à la lettre avec comme résultat le dépassement des objectifs qu’on s’était fixés.

En 2015 est survenu l’incendie de vos installations. Comment avez-vous réagi?

Cela a été dur, mais encore là, je pense qu’on a réussi à transformer cet événement en opportunité. Ce fut l’occasion de revoir et d’améliorer nos façons de faire dans l’usine. On s’est entouré de gens qui pensaient autrement et qui pouvaient nous amener plus loin. On s’est relevé les manches et on est reparti à neuf. En huit mois on a tout refait : les bâtiments, la ligne de production, on a intégré le 4.0 pour l’opération des équipements, etc. Tout le monde chez Fruit d’Or a mis l’épaule à la roue. Notre capacité d’adaptation nous a aidés à relever ce défi!

Quels sont vos projets pour l’entreprise?

La canneberge demeure notre principal axe de croissance. Les autres petits fruits constituent entre 25 et 35 % de notre production. Le bleuet reste aussi un axe important pour nous. On travaille aussi sur notre chaîne de valeur avec nos producteurs. On veut également développer de nouvelles niches comme les purées et les produits destinés à l’industrie nutraceutique. Finalement, on souhaite se rapprocher des consommateurs avec nos propres marques et produits destinés aux consommateurs.

En terminant, quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur?

Pour aller plus loin, il faut accepter de sortir de sa zone de confort et d’aller vers l’inconnu. Je dirais également que, même si on a de nombreux projets en cours, il est important de s’arrêter pour réfléchir à ce qu’on va faire ensuite. Comment se démarquera-t-on après ? Quelle sera la prochaine étape? Il faut toujours avoir une longueur d’avance!

 

Photos fournies par Fruit d’Or.

 Propos recueillis par Stéphanie Trudel, directrice des communications, CQI
© 2017, Carrefour Québec international. Tous droits réservés.

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