Entrepreneuriat féminin

Les Exportants – Épisode 35 – Femmes en affaires : repenser le commerce de détail avec Luminaire Authentik

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Date de diffusion :

7 février 2023

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Catherine Gervais, directrice générale de Carrefour Québec International, rencontre la créative Maude Rondeau, fondatrice de Luminaire Authentik.

Luminaire Authentik, ce sont des luminaires sur-mesure ou personnalisés, faits à la main au Québec et offrant plus de 3000 possibilités. Fondée en 2015, Luminaire Authentik est située à Cowansville et possède des boutiques à Terrebonne, Toronto et Québec. L’entreprise est en train de révolutionner le commerce du détail avec le lancement de salles de montre autonomes avec des conseillers disponibles à distance.

Maude Rondeau raconte l’historique de l’entreprise et nous partage les dessous de l’entrepreneuriat au féminin, sans tabou et en toute humilité. Vous pouvez en savoir davantage sur le site de l’entreprise luminaireauthentik.com

Consultez l’épisode sur Youtube >


L’entrevue

Qui es-tu? Parle-nous un peu de toi et de Luminaire Authentik?

Luminaire Authentik est une entreprise que j’ai fondée il y a bientôt 8 ans. L’objectif de Luminaire Authentik est d’offrir des luminaires sur mesure, personnalisables, faits entièrement ici au Québec, tout en étant accessibles.

Comment l’idée de lancer une entreprise de luminaires personnalisables t’est-elle venue?

L’idée m’est venue de mon parcours professionnel. J’ai travaillé en mode pendant plusieurs années. Je suis très créative. J’ai acheté une maison il y a de cela 9 ans et je me suis aperçue qu’il y avait un manque sur le marché dans l’offre du luminaire. J’ai aussi toujours voulu démarrer mon propre projet d’affaires, ayant étudié en affaires. Ç’a été un projet de passion personnelle, combiné avec un manque d’offres sur le marché des luminaires, qui étaient soit très bas de gamme, de fabrication très cheap, fabriqués en Chine ou soit très haut de gamme. Il y avait donc un écart dans le milieu où nous pouvions offrir un produit tout de même accessible, beau et fait au Québec.

Je crois que le matériel est pris aussi au Québec, tout vient vraiment d’ici, c’est bien ça?

Toutes les composantes des luminaires sont faites par des sous-traitants du Québec. Si l’on prend les abat-jours par exemple, l’aluminium est coulé ici au Québec. On travaille aussi avec des sous-traitants. Comme notre souffleur de verre qui est basé à Frelighsburg, à côté de nos installations. Aussi, notre terrazzo provient de l’entreprise Béton Johnstone à Granby. On essaie vraiment d’encourager les sous-traitants et les artisans locaux pour avoir une meilleure empreinte écologique également.

L’entreprise est située à Cowansville. Es-tu native de cette région ou est-ce une région d’accueil pour toi?

C’est une région d’accueil pour moi. Je suis originaire de Montréal. J’ai quitté la ville il y a 9 ans pour me déposer, avoir un pied-à-terre en campagne et je suis tombée en amour avec les Cantons-de-l’Est. Finalement, mon projet s’est développé peu de temps après avoir quitté la ville.

L’entreprise compte 35 employés, vous avez connu une belle croissance. Comment as-tu fait connaitre ton produit?? Comme c’est un produit personnalisé, il fallait vraiment aller rejoindre le client!

J’ai commencé en faisant quelques «pop-up stores» à Montréal. J’avais converti un camion de cuisine de rue en «showroom». L’idée était d’approcher les architectes et les designers, tout en étant ouverte pour le marché résidentiel. Le côté personnalisable permet d’offrir, en boutique, la possibilité de décortiquer les offres de luminaires et de laisser le client vivre l’expérience de choisir son produit, étape par étape. Dans la communication, il fallait donc être très clair, puisque c’était quelque chose de nouveau. On a été chanceux car rapidement on a eu un article dans La Presse qui nous a bien positionnés. D’ailleurs, on surfe encore sur cet article-là. C’est en faisant des choses qui suscitent l’intérêt et qui sortent de l’ordinaire qu’on vient générer du marketing de bouche à oreille.

Est-ce que tu as investi beaucoup en médias sociaux au début pour faire connaitre l’entreprise ou c’est vraiment ton réseau qui t’a aidé?

Les deux. Les réseaux sociaux ont été très importants pour faire connaitre l’entreprise, nous avons fait quelques collaborations avec des influenceurs ou des personnes connexes dans le design. Mais une bonne partie du succès provient du bouche-à-oreille, par l’entremise d’architectes et de designers. Tout de suite, ils ont apprécié notre plateforme de création pour personnaliser nos produits selon les couleurs. C’est une activité et une expérience avant tout.

Le client vit une réelle expérience avec vous, quel est le processus de construction d’un luminaire?

En fait, le client vient en boutique, où il est accompagné d’un expert en éclairage pour vivre une expérience de conception du luminaire. La boutique de Cowansville est construite de façon qu’on se sent vraiment dans un atelier. Les abat-jours sont déconstruits. On a aussi construit, sur la boutique en ligne, une plateforme 3D pour comprendre encore plus le côté ludique, de venir soi-même choisir un abat-jour avec une construction et maintenant le construire avec toutes les couleurs qui sont personnalisables. C’est l’éclairage explosé, pour rebâtir avec le client. Donc finalement, le client choisit toutes les étapes et à la fin il a vraiment un sentiment d’appartenance envers son luminaire qu’il a créé.

Quels sont vos marchés de ventes actuellement? Sont-ils situés au Québec majoritairement?

Nous avons ouvert en pleine pandémie à Toronto. Dans notre modèle d’affaires, on vise l’ouverture de points de vente pour se rapprocher du client, pour que les clients puissent venir voir, toucher et vivre cette expérience-là en personne. Pendant la pandémie, nous avons été créatifs en utilisant les ressources possibles, les plateformes virtuelles. Nous avons fait beaucoup de rencontres virtuelles, à distance, nous étant dans les boutiques et le client étant chez eux. C’était le moment de faire un renforcement sur le positionnement de la marque. Nous avons une boutique à Toronto depuis maintenant 3 ans, une boutique à Montréal dont on vient tout juste de faire le déménagement et dont l’ouverture officielle sera très bientôt. On vient aussi d’ouvrir une boutique satellite à Québec, chez un autre détaillant, un point de vente dans une boutique existante, qu’on appelle «shop-in-shop». Cette boutique va être entièrement gérée par Luminaire Authentik, mais à distance. Donc un peu l’inverse de ce qu’on a offert en pandémie. En fait, ce qui est ressorti de la pandémie est que ça fonctionne de faire des rencontres à distance. Les gens sont habitués. Par contre, ils ont besoin de valider les couleurs et de vivre l’expérience. Donc ce sont des micro-boutiques libre-service où les gens sont laissés à eux même dans notre salle de montre et peuvent être accompagnés par un expert qui est basé au siège social.

Donc, la personne visite la salle de montre de manière individuelle, elle est seule, mais peut communiquer avec des gens de l’équipe. C’est un nouveau concept, est-ce que c’est vous qui avez inventé ça?

De fil en aiguille, j’aime toujours pousser l’expérience et m’ajuster avec le marché actuel. On apprend tous les jours. La pandémie, a fait ressortir beaucoup de positif et de négatif. J’essaie toujours de trouver le positif et voir les opportunités à travers ça. Durant cette période, avec la difficulté de recruter de la main-d’œuvre, je me suis interrogée à savoir comment contrôler l’expertise tout en prenant une meilleure part de marchés à travers le Canada ou les États-Unis. Chose certaine, je ne peux pas me diviser en 50. L’idée de Luminaire Authentik est que nous offrons une expertise, un savoir-faire. Nous appuyons le client dans le processus, il n’est pas laissé à lui seul, car il y a tellement de processus et d’étapes qu’il pourrait y avoir beaucoup d’erreurs qui se produisent. L’idée est venue de là : ouvrir des micro-boutiques / salles de montre où les gens sont seuls, mais ont un accompagnement. Il y a beaucoup de gens qui sont à l’aise dans ce processus-là ou qui viennent accompagnés d’un designer et qui n’ont pas vraiment besoin d’être appuyés par un conseiller. Mais le conseiller va toujours être là virtuellement.

Est-ce que vos clients sont principalement des designers ou ce sont les consommateurs qui désirent acheter un luminaire pour leur résidence?

Les deux. Avant la pandémie notre modèle d’affaires était à 70 % concentré vers le B2B ; les designers et les architectes. Bien entendu, les projets d’hôtels et de restaurants ont été mis sur pause et ça a basculé complètement. Là, nous sommes en pleine expansion dans l’entreprise et nous étions à 100 % dans le secteur résidentiel durant la pandémie. Depuis 1 an, le secteur commercial a repris, donc c’est le fun ce sont de beaux défis, mais ça va très bien.

Comment se passe la gestion de la croissance?

C’est une bonne question, je me la pose tout le temps, car ça va tellement vite, mais nous prenons ce qui passe. C’est motivant. C’est de bien s’entourer et d’aller chercher du personnel qui a envie de s’impliquer dans cette aventure. On est en croissance et on planifie de la poursuivre.

As-tu eu à t’ajuster après avoir fait des erreurs au cours du cheminement professionnel de la compagnie?

Oui, assurément. Une des erreurs que j’ai faites durant la pandémie est de développer une collection sans nom, un «white label», pour la compagnie CANAC. En mode panique, quand tout a arrêté, j’ai décidé d’essayer cette avenue et d’évaluer comment aller chercher plus de part de marchés dans d’autres créneaux. Nous avons donc développé une gamme plus neutre, qui était nommée Basic. Nous avons alors réalisé que nous avions produit une collection stock à moindre coût, qui pouvait brimer l’image de la marque et qui ne représentait pas vraiment les valeurs de l’entreprise. Finalement, cette erreur m’a permis de développer une collection stock de nos meilleurs modèles, de nos modèles classiques Luminaire Authentik et de pouvoir offrir un produit de collection rapide. Il y a des clients qui n’ont pas nécessairement besoin de vivre l’expérience de A à Z pour choisir les couleurs de leur luminaire, mais qui veulent un luminaire tendance, au goût du jour. La collection rapide est maintenant disponible chez Simons également. Ça m’a permis de voir que nous avions une capacité de production en plus grand volume, d’un même modèle, dans la même couleur. Parfois, on prend des décisions impulsives, mais au final ça nous apprend ce qu’on est capable de faire tout en revenant à nos valeurs, pour nous même et à notre clientèle.

Tu fais partie du programme « Cheffes de file » de la CDPQ. Est-ce que tu peux nous en parler un petit peu?

Je trouve que c’est super pertinent de s’entourer dans la vie, mais surtout en tant qu’entrepreneure. D’avoir accès à cette expertise et ses expériences, c’est vraiment un accélérateur de connaissance. On partage nos bons coups et nos moins bons. C’est vraiment un groupe pour se sentir appuyée et c’est encourageant d’être entourée de femmes d’affaires qui vivent les mêmes défis que nous.

Souvent en tant qu’entrepreneure, on est un peu seule. Est-ce que le programme te permet d’aller chercher des conseils quand tu as besoin de te sentir orientée?

Absolument, la générosité du savoir et de la mise en contact. C’est un réseau d’affaires qui vaut de l’or pour chaque entrepreneure.

Aurais-tu un conseil pour quelqu’un qui se lance en affaires?

Le meilleur conseil est de bien s’entourer. C’est ce qui va faire en sorte que dans l’évolution des montagnes russes; dans les bons coups comme dans les journées où tu as envie de tout lâcher, qui sont normales et font partie du processus, que l’on trouve une manière de garder le ballant pour que ça reste le fun.

Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton travail?

J’adore développer et créer. J’adore les défis et toujours arriver avec de nouvelles idées et essayer des approches différentes. Nous sommes dans le design et la création, donc on est toujours en train de se questionner à développer de nouvelles collections, de nouvelles couleurs et de nouvelles approches. On joue avec la fonction, mais beaucoup le rêve aussi. C’est très créatif et très stimulant.

Comment est-ce que tu t’inspires pour trouver de nouveaux modèles, des tendances?

C’est beaucoup par le voyage. Les voyages me permettent de prendre une certaine distance avec tous les volets qu’une dirigeante doit gérer. Il y a beaucoup de papier, les ressources humaines, les assurances et tout ça. C’est un temps de pause où les idées viennent. Aussi de jouer avec les matières, de voir ce qui se passe dans les tendances, autant dans la mode, que dans les tendances architecturales. Souvent les idées vont venir dans un temps de pause ou parfois d’une erreur qui va amener quelque chose de nouveau.

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Merci de partager avec vos amis entrepreneurs, vendeurs et professionnels généralement intéressés par les affaires à l’étranger. Carrefour Québec international (CQI) et ses experts accompagnent les entreprises du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Mauricie dans leurs projets d’expansion hors Québec et à l’international.


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La CDPQ est fière de présenter cet épisode. Pour découvrir l’offre Ambition ME destinée aux moyennes entreprises québécoises visitez www.cdpq.com/fr/ambition-me

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