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Marketing

Les Exportants – Épisode 41 – Vivre et travailler à Copenhague

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Date de diffusion :

30 janvier 2024

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Catherine Gervais, directrice générale de Carrefour Québec International,

rencontre Laurence Paquette, une québécoise qui demeure à Copenhague depuis maintenant 18 ans. Laurence est vice-présidente marketing de Vestas, une entreprise danoise d’envergure internationale qui œuvre dans la fabrication et l’installation d’éoliennes. Laurence raconte son parcours personnel et professionnel qui l’a amené à s’expatrier à Copenhague à 24 ans. Elle nous parle des différences culturelles entre le Québec et le Danemark, mais aussi des similitudes entre les deux pays. Vous pouvez en savoir davantage sur Laurence et son parcours en visitant son site Web au www.laurencepaquette.com

Merci de partager avec vos amis entrepreneurs, vendeurs et professionnels généralement intéressés par les affaires à l’étranger. Carrefour Québec international (CQI) et ses experts accompagnent les entreprises du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Mauricie dans leurs projets d’expansion hors Québec et à l’international.

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Qui es-tu ? Parle-nous un peu de toi.

Je m’appelle Laurence, j’ai 42 ans, je suis née à Montréal et j’ai grandi à Québec où j’ai habité de l’âge de 5 à 24 ans. Depuis mes 24 ans, j’habite au Danemark, à Copenhague. J’y ai fait la plupart de mes études et maintenant je suis mariée à une Danoise et j’ai deux enfants.

 

Dans le cadre de tes études, tu as participé à un programme d’échange?

En 2005, j’ai décidé que je voulais aller à l’étranger. En janvier 2006, je suis venue au Danemark pour étudier. Cela étant, j’ai transféré le reste de mon bac au Danemark, puis j’ai eu une bourse pour faire ma maîtrise ici. Ce qui était au départ planifié pour être six mois, s’est transformé en 18 ans que j’habite au Danemark.

 

Quand on fait des programmes d’études, le monde est ouvert. Qu’est ce qui t’a attirée au Danemark? 

Il y a deux trucs. C’est sûr que je voulais étudier en anglais parce que je parlais déjà anglais. Mais en plus, en 2005, quand je regardais les programmes d’études, j’ai rencontré une fille en ligne, une Danoise. On a décidé qu’on allait être ensemble, même si on ne s’était jamais rencontrées. Donc, j’ai décidé d’aller étudier au Danemark pour voir si on pouvait être un couple. La raison de base, c’était vraiment d’aller à l’étranger, d’essayer d’être avec ma blonde, de voir si ça allait marcher. Puis après ça, je suis juste restée ici. Je ne suis jamais repartie du Danemark. J’ai fait toutes mes études ici.

 

Comment ç’a été de faire tes études au Danemark comparativement au Québec? Est ce qu’il y avait des choses différentes dans la façon d’enseigner?

C’est surtout la façon dont les évaluations sont faites qui sont complètement différentes au Danemark. En fait, quand j’étudiais à l’Université Laval en 2005, la plupart de mes examens, étaient des choix multiples à livres fermés. Au Danemark, c’est beaucoup d’examens oraux, où tu piges une question et tu as 30 minutes pour te préparer et faire une défense orale. Tous les examens sont à livres ouverts. À la maîtrise, la plupart de mes examens duraient entre 72h et cinq jours. On te soumet une problématique, puis la résolution se fait à livre ouvert de la maison. Tu as accès à l’internet et tu as une période x pour remettre ton travail.

Au début, c’était vraiment difficile parce que je n’étais vraiment pas habituée. J’étais habituée à apprendre tout par cœur, tandis qu’ici ce sont beaucoup plus des évaluations pour tester ta compréhension, puis pour te préparer au milieu de travail. Parce qu’évidemment, quand tu travailles dans un bureau, tu as accès à l’internet, tu as du temps pour effectuer le travail, tu peux parler à d’autres personnes. Donc au début c’était difficile, mais en bout de ligne, j’ai trouvé que ça m’a vraiment bien préparé pour le marché du travail.

 

J’imagine les Danois, quand ils arrivent sur le marché du travail, ils sont prêts?

Au début j’étais assez intimidée parce que les Danois font énormément d’examens oraux. Les Danois n’ont pas d’examens à l’école avant la neuvième année, donc il n’y a aucun test, aucune évaluation avant la neuvième année. De la neuvième année jusqu’à la fin de l’université (premier ou deuxième cycle), il y a beaucoup d’examens oraux. Donc, ils ont pris une habitude à présenter devant leur professeur. Les Danois sont assez bons en présentation. Même à l’école primaire, quand ils n’ont pas d’évaluation, ils leur demandent de présenter ce qu’ils ont appris, d’expliquer ce qu’ils ont compris, etc. Donc, les Danois sont assez bons en présentation et c’était un peu intimidant, mais là je me suis habituée.

 

Ça a pris combien de temps à peu près avant que tu te sentes en confiance?

Lors de mon premier six mois d’échange, mes notes n’étaient pas très bonnes. Ça a été mon pire trimestre à l’université. Il a vraiment fallu que je m’adapte, de passer aux choix multiples où j’apprenais tout par cœur, à réellement comprendre ce que j’étudiais. Par exemple, un examen de mathématiques à livre ouvert, tu as les formules avec toi. Ce que le professeur veut ce n’est pas la bonne réponse, mais que tu lui démontres ta compréhension et comment tu as trouvé la solution. Ce n’est pas la réponse qui compte, c’est vraiment ton processus. Après ça, une fois que j’ai compris, ça a accéléré et j’ai été assez bonne.

 

Il y a une réputation pour les pays scandinaves d’être très innovants. Quelle est ton opinion sur le sujet?

Je dirais qu’à l’extérieur c’est sûr que les pays scandinaves ont l’air d’être des pays très innovants. Les gouvernements financent beaucoup l’innovation. Il n’y a aucune ressource naturelle au Danemark, donc s’il n’y a pas d’innovation, il n’y a pas grand-chose. Le Danemark n’a pas de grandes forêts pour faire du papier, des meubles ou du bois d’œuvre. Il n’y a vraiment rien au Danemark, sauf des cerveaux. Donc c’est sûr qu’il y a un besoin pour innover et les gouvernements poussent vraiment pour ça. Il y a beaucoup de subventions pour les PME et pour les grandes entreprises. Les pays scandinaves sont des pays où il y a beaucoup d’innovation, mais ce sont des innovations dans des industries spécifiques. Au Danemark, c’est beaucoup dans le secteur de l’énergie, du pharmaceutique, du diabète, etc.

 

Est-ce que tu penses que l’investissement du gouvernement fait une différence?

Je pense que oui, parce que l’investissement du gouvernement commence avec les études aussi. Il y a beaucoup d’études spécialisées. Au Danemark, tu peux aller à l’université technique de Copenhague et faire une maîtrise en énergie éolienne. Tous les programmes universitaires au Danemark sont financés par le gouvernement et le gouvernement pousse aussi les universités vers certaines branches, justement pour créer des talents pour maintenir la capacité d’innovation des entreprises qui sont au Danemark.

 

Il y a donc un côté très politique. Quand le gouvernement change, est ce que la stratégie et les orientations au niveau des secteurs changent?

C’est une bonne question. Ça m’a pris un peu de temps à comprendre comment le système politique danois fonctionne. Le système danois est proportionnel au vote de la population. Il y a plus de douze partis au Danemark, qui sont représentés au gouvernement. Donc c’est toujours une alliance qui est faite quand le gouvernement est élu, ce n’est jamais un gouvernement majoritaire. Et quand je dis jamais, c’est vraiment jamais, parce que c’est toujours proportionnel et donc ça fait en sorte que des fois c’est beaucoup plus difficile pour le gouvernement de passer une loi. Ça fait aussi en sorte que, étant donné que ce sont toujours des alliances, quand une loi est passée, elle a souvent été adoptée par la majorité et donc elle n’est pas changée une fois que le gouvernement change parce que les alliances continuent après.

 

Tu travailles chez Vestas, quel est ton rôle dans l’entreprise? Comment as-tu évolué?

Après mes études, en 2011, mon visa continuait pour six mois. Si je ne me trouvais pas un emploi dans les six mois après avoir fini mes études, ils allaient me mettre dehors du pays. Comme j’avais envie de rester, j’ai commencé à appliquer pour des emplois trois mois avant de finir mes études. J’ai une maîtrise en logistique et chaîne d’approvisionnement. J’ai donc appliqué à plein d’emplois et finalement j’ai appliqué pour un emploi chez Vestas. Vestas, c’est le leader mondial en énergie éolienne. 30 000 employés, 65 pays. On a des éoliennes dans plus de 80 pays dans le monde. J’ai appliqué pour être analyste pour leur sondage annuel client et faire des analyses de marché. Rien à voir avec ma maîtrise en bout de ligne. Et j’ai eu l’emploi. J’ai joint Vestas en septembre 2011 et ça va faire ça fait maintenant douze ans que je suis ici. Au cours des douze dernières années, j’ai eu environ six ou sept différentes positions dans la compagnie, puis maintenant je suis rendu la VP marketing pour Vestas.

 

Avant de rentrer chez Vestas, je travaillais à temps partiel dans une dans une petite boîte qui faisait des études de marché où moi je faisais beaucoup d’entrevues téléphoniques en français parce que je parlais français. Je n’ai jamais voulu travailler en marketing, ce n’était pas ça le but, mais c’est arrivé. Au cours des douze dernières années, j’ai commencé dans le groupe marketing, mais j’ai aussi travaillé en communication, aux affaires publiques et aux relations gouvernementales. J’ai aussi travaillé dans notre équipe de service commercial et aussi au marketing.

 

J’imagine que tu aimes ton emploi. Si tu n’aimais pas ton emploi, tu ne serais pas rendu VP Marketing?

J’aime le fait que j’ai eu la chance de changer de job plusieurs fois. Si je n’avais pas eu la chance et qu’on m’avait laissé au même endroit juste en augmentant mes responsabilités, ça ferait longtemps que je serais parti.

 

Il y a une écoute de l’employeur. Tu peux cheminer un peu à ta façon aussi. Est-ce que ça fait partie de la culture danoise?

De toutes les compagnies danoises que je connaisse, oui, c’est assez commun. Ce sont vraiment des tactiques de rétention de faire en sorte qu’on garde nos employés le plus qu’on peut.

 

Est-ce que les Danois en général sont compétitifs?

Oui, mais au Danemark, il y a un truc qui s’appelle Jante Law. C’est la loi de Jante. Ça vient du XXᵉ siècle où il y a un manifeste qui a été mis en place et partagé dans le public, qui dit que tu ne dois pas être meilleur que les autres, que tu ne dois pas te vanter, que ce qui t’arrive à toi ce n’est pas plus important que ce qui arrive aux autres. C’est vraiment au cœur de la culture danoise d’être, d’être humble. Donc les Danois sont, oui, compétitifs, mais ils sont assez humbles et souvent leur façon de prendre des décisions c’est avec le consensus, ce qui est agréable parfois, mais aussi quelquefois compliquées parce que ça veut dire que quand on veut faire un projet, il faut s’assurer que tout le monde soit d’accord. Il y a beaucoup de consensus.

 

Est ce qu’il y a beaucoup de travail en équipe?

Je dirais que peut-être 80 % de ce qu’on fait est du travail d’équipe. C’est la meilleure façon d’avoir le consensus. Aussi, on le voit que du côté satisfaction des employés et rétention, à moins que tu aies un profil que tu veux vraiment travailler tout seul, la plupart des gens aiment un certain niveau de collaboration et de travail en équipe parce que travailler tout seul, ce n’est pas pour tout le monde ou en tout cas pas à 100 % pour tout le monde.

 

Dans les pays scandinaves, on parle beaucoup de bien être et d’équilibre. Est-ce que c’est vrai ou c’est un mythe?

Je te dirais que c’est sûr que vu de l’extérieur, c’est toujours plus beau qu’on peut imaginer. Il y a beaucoup d’expatriés qui habitent ici qui se plaignent énormément du Danemark quand ils y déménagent, une fois que la lune de miel est terminée. Comme n’importe quel pays, il y a des trucs qui sont moins agréables que d’autres. Mais je te dirais que côté flexibilité au travail, conciliation travail-famille, l’importance de la famille, l’importance de prendre soin de soi, c’est vraiment présent. Les Danois mettent beaucoup d’emphase sur la flexibilité et d’être capable d’être là pour les enfants, d’avoir du temps, des vacances. Au Danemark, c’est minimum cinq semaines de vacances pour n’importe qui qui a un emploi, c’est le minimum garanti. Ici, chez Vestas, on en a six et j’ai des amis qui en ont sept dans d’autres compagnies. Donc, tout le monde à entre cinq et sept semaines, c’est la norme. Le Danemark et les pays scandinaves en général, c’est une belle vie, ce n’est pas une vie où les gens veulent nécessairement être super riches, avoir trois voitures. La plupart des gens possèdent une voiture. Ils ont un bon job et font beaucoup de loisirs. Le mode de vie est assez relax.

 

Est ce qu’il y a quand même une pression au niveau du travail? Est ce qu’il y a un nombre d’heures qu’on doit faire obligatoirement ou c’est plutôt au niveau du rendement?

C’est vraiment si tu effectues ton travail, c’est correct. C’est sûr que dans mon contrat d’emploi, ça dit que je dois travailler 37,5h par semaine et que de temps à autre, ça se peut que je travaille plus et que je ne serai pas rémunéré pour les heures de plus que je travaille. Mais si je voulais partir du bureau à 12h aujourd’hui, il n’y a aucun problème. J’ai une de mes collègues qui est partie à 13h tantôt, j’ai aucune idée pourquoi, elle n’a pas besoin de le dire. Peut-être qu’elle a décidé de finir sa journée à la maison. Peut-être qu’un de ses enfants est malade? J’en ai aucune idée. Et c’est très commun. C’était comme ça avant la COVID. Des gens travaillaient de la maison une ou deux journées semaine déjà. Depuis la COVID, ça a continué, les gens travaillent de la maison. Souvent, j’arrive au bureau parce que j’aime ça venir au bureau quatre jours semaine et parfois je suis au bureau et il n’y a presque personne et personne ne m’a informé qu’il ne serait pas là parce que bon, ils ne sont pas là, ils ne sont pas là. Donc c’est vraiment un système de confiance où l’on s’assure que les gens effectuent leur travail et si les gens n’effectuent pas leur travail, on s’en rend compte assez rapidement et habituellement ça veut dire qu’on a une conversation avec eux et si les choses ne changent pas, ils vont finir par perdre leur emploi.

 

Tu es gestionnaire, tu as une équipe, comment est-ce que tu fonctionnes dans ce contexte-là? Comment vous faites pour avoir une synergie d’équipe?

Au Danemark, il y a 25 personnes dans mon équipe et dans le reste du monde, il y en a 20. Donc en tout au marketing ce sont 45 personnes. Évidemment, je ne gère pas les 45 moi-même. J’ai des directeurs qui gèrent chacune des équipes, mais à chaque mois, on a une rencontre. Je rencontre mes directeurs de façon hebdomadaire à chaque semaine. On a un plan, on a une stratégie pour l’année, on a des trucs qu’on sait qu’il faut faire et puis on fait un suivi constant. Pas chaque jour, mais de façon régulière.

 

Tu es du côté marketing, mais au niveau de la production ça ne doit pas être pareil?

Non, c’est totalement différent niveau production. Il faut que tu sois là parce qu’évidemment c’est en usine. Vestas on a 10 000 personnes qui travaillent en bureau, on a 10 000 personnes qui travaillent en production, puis on a 10 000 personnes qui travaillent sur le terrain pour faire les réparations, puis l’entretien des éoliennes. Donc on a trois catégories d’employés. Et si tu travailles au niveau de l’entretien des éoliennes ou si tu travailles dans une usine, évidemment qu’il faut que tu sois à ton endroit de travail. Ils ont vraiment des conditions de travail aussi différentes. Au Danemark par exemple, c’est juste du quatre jours semaine quand tu travailles en usine, mais les usines sont ouvertes 24 h sur 24 pour produire. Donc ce sont vraiment des conditions différentes. Et puis ce sont vraiment aussi des employés auxquels on communique de façon différente aussi parce qu’ils n’ont pas accès à un ordinateur, ils n’ont pas un téléphone de la compagnie, un portable de la compagnie, etc.

 

Pour eux, j’imagine qu’en ayant un quatre jours semaine, ça permet de concilier le travail famille? C’est vraiment au cœur, au cœur un peu de la culture, la vie de famille, les loisirs.

Oui, mais si tu as un travail qui te demande de travailler en dehors des heures habituelles, le Danemark offre à la petite enfance, puis aussi à l’âge scolaire énormément de support. Il y a des garderies spéciales qui sont ouvertes 24h sur 24, puis quand tu as un horaire de nuit, ton enfant peut être là de nuit si tu en as besoin. Donc c’est vraiment fait en sorte qu’il y a un support pour être capable que les gens puissent quand même avoir une conciliation travail famille. Donc quand tu ne travailles pas, tu peux être avec ton enfant parce que tu peux ajuster la garderie avec ton horaire de travail.

 

Donc toi, tu n’as jamais vécu ça, un stress par rapport à tes enfants de dire vont-ils avoir une garderie?

Au Danemark, à Copenhague, vu que c’est assez peuplé 1 million avec la banlieue, il y a une garantie pour les garderies en dedans de quatre kilomètres de chez toi avant que ton enfant ait douze mois. Si tu veux une garderie différente, ça peut prendre plus de temps. Donc c’est le seul stress que tu pourrais avoir, de ne pas avoir la garderie que tu voulais. Pour faire en sorte que tout le monde puisse retourner au travail, les enfants ont une place en garderie.

 

Je ne suis jamais allé au Danemark, mais je suis allée en Suède. Je voyais beaucoup des gens se promener dans la rue à 15h avec les enfants. Est-ce que c’est monnaie courante?

Oui, c’est assez courant. Les garderies sont rarement ouvertes après 17h. Ça ouvre très tôt, ça ouvre à 6h30 le matin, mais ça ferme à 17h et c’est assez normal d’aller chercher tes enfants avant que ça ferme, même bien avant que ça ferme. Tu sais, genre 15h-15h30 et puis là, après ça, d’aller faire des courses ou d’aller au parc ou faire des trucs.

Tout le monde le fait de façon assez régulière. Il y a beaucoup de gens qui vont travailler aussi après en soirée. La semaine prochaine, le mardi, je pourrais décider de finir tôt. Je vais partir vers 14h45 ou vers 15h. Donc je suis arrivée à 9h et je pars à 15h, donc j’ai été au bureau 6h, puis peut être que je vais finir un peu du travail vers 20h le soir après que les enfants sont couchés.

 

On parle beaucoup d’inclusion de la diversité, de neurodiversité aussi en milieu de travail. Est ce qu’il y a des choses que le Québec devrait s’en inspirer?

C’est sûr que ça ne s’applique pas juste au Québec, je pense que ça s’applique partout. Dans le monde corporatif je trouve que la neurodiversité n’a pas beaucoup de place encore, on a quand même les mêmes attentes par rapport aux gens. Si tu veux avoir une promotion, habituellement, c’est toujours mieux d’être extraverti, c’est toujours mieux d’être la personne qui parle le plus fort ou qui est vraiment confortable dans les grosses réunions. On n’a pas encore commencé à beaucoup parler de neurodiversité ici à Vestas et de comment on peut justement utiliser les talents des gens qui sont différents et vraiment utiliser leurs talents pour innover. LEGO, par exemple, qui est danois, est vraiment meilleur que plusieurs parce qu’ils ont un super gros programme pour engager des gens qui sont sur le spectre de l’autisme et utiliser leur talent pour le travail. Le cousin de ma femme est autiste et travaille pour LEGO à temps partiel. Son côté social n’est pas très bon, mais il est extrêmement talentueux pour construire des trucs avec des LEGO. Donc si tu lui expliques ce que tu veux, il est capable de le recréer. Il travaille trois jours semaine où tout ce qu’il fait c’est qu’il crée des nouvelles constructions de LEGO. LEGO a vraiment un gros programme parce qu’ils ont trouvé que les gens, surtout avec l’autisme, pouvaient être meilleurs pour faire certains des emplois. Donc je trouve que ça c’est vraiment intéressant. Mais c’est sûr que chaque compagnie doit regarder ce dont elle a besoin. Je pense que chaque compagnie doit se poser cette question-là, puis, une fois qu’on les engage, ces gens-là, s’assurer aussi qu’on crée un environnement de travail qui est confortable pour eux et aussi des attentes qui sont réalistes. Le cousin de ma femme ne l’invite pas à une réunion de dix personnes, c’est de la torture totale. Ce n’est pas comme ça qui fonctionne.

 

La façon de vendre au Danemark, est ce qu’on s’adresse au danois de la même façon qu’on pourrait s’adresser aux Québécois?

Si je regarde les pubs à la télé, je n’ai pas vraiment la télé, mais si je regarde les pubs que je vois sur YouTube aussi, quand je vais au Québec, les pubs qu’on voit, je te dirais que la culture danoise n’est pas tellement différente de la culture au Québec. Les Danois sont plus sarcastiques que les Québécois. Il y a 600 0000 Danois qui parlent danois dans l’Europe, donc c’est assez similaire. C’est un pays nordique comme au Québec. Il fait noir l’hiver, donc il y a beaucoup de similitudes, mais je te dirais qu’au niveau du marketing, c’est pas mal pareil. Peut-être que la différence c’est que les Danois sont hyper fiers de tout ce qui est design danois et de tout ce qui est aussi qualité. Donc au Danemark, il y a vraiment une valeur quand tu achètes quelque chose qui te coûte cher mais qui va durer vraiment longtemps. Si tu as acheté dans les années 70-71 un fauteuil design, en 2023, tu l’as encore et tu l’as fait réparer, tu ne l’as pas jeté. Les Danois aiment beaucoup ce qui est danois et ce qui est design danois, ils sont très fiers. Ce qui est design danois continue même 40 ans plus tard, à se vendre puis à être, à avoir une beauté et une bonne valeur.

 

Est-ce que c’est parce qu’il y a une réputation? Présentement, on voit une espèce d’engouement pour le design danois. Est ce qu’il y a eu un travail qui a été fait ou ça s’est fait naturellement au point de vue marketing?

C’est une bonne question. Je pense que ça s’est fait vraiment naturellement. C’est sûr que le Danemark a été vraiment bon et les pays scandinaves en général depuis les années 70, a créé leur réputation à l’externe. C’est bon aux États-Unis, s’ils sont vus comme trop sociaux, ce sont des pays où c’est trop socialiste. Mais comme au Québec par exemple, je sais que les pays scandinaves ont été vraiment importants pour aider le Québec à se diriger aussi vers un régime qui est plus social, avec l’accès aux soins qui sont gratuitement accès à l’éducation de façon plus gratuitement, etc. Donc, les pays scandinaves ont été vraiment bons à faire leur promotion dans les années 70 et je pense que ça a juste continué.

 

Y-aurait-il de l’intérêt pour des produits canadiens ou québécois au Danemark selon toi?

Oui, absolument. Ça dépend de quel produit on parle. Mais absolument.

 

Est ce qu’il y a une perception du Canada positive?

Très positive. Il y a même eu cet été à Danish Radio, l’équivalent de Radio-Canada, un programme où il y avait un couple qui ont fait le tour du Canada. Ça a passé à la télévision et chaque semaine c’était une ville différente. Maintenant, il y a même un vol direct Copenhague-Montréal. La plupart des Danois que je connais sont déjà allés au Canada et ils veulent retourner. La plupart sont allés à Vancouver. Maintenant que tout le monde a vu l’émission de Montréal, ils veulent tous aller à Montréal pour les bons restaurants. Les Danois aiment beaucoup les bons restaurants. Il y a beaucoup de bons restaurants ici aussi au Danemark, donc il y a beaucoup et c’était aussi beaucoup montré justement dans cet épisode-là. Les Danois savent de plus en plus qu’au Québec on parle français, que ce n’est pas en anglais et puis qu’à Montréal, il y a beaucoup de bons restaurants pis que c’est aussi vraiment européen et vraiment moins américain. C’est quelque chose que les Danois n’étaient pas au courant.