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Innovation

Les Exportants – Épisode 44 – Démystifier les Défis Innovation Québec

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Date de diffusion :

20 février 2024

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Catherine Gervais, directrice générale de Carrefour Québec International, rencontre Karim Azzouz Reguig, conseiller en marchés publics au ministère de l’Énergie, de l’Innovation et de l’Environnement (MEIE). Dans cet épisode, vous en apprendrez davantage sur son rôle au sein du MEIE et sur les Défis Innovation Québec, une mesure qui soutient des projets d’innovation multisectoriels menés par des entreprises pour des ministères et organismes publics (MO). Karim Azzouz Reguig nous fait également part d’exemples concrets d’innovations réalisées dans le cadre des précédents défis innovations.

En savoir davantage sur les Défis Innovations Québec

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Tu es conseiller en marchés publics. Qu’est-ce que ça fait un conseiller en marchés publics?

Ma fonction première est de faciliter l’accès aux marchés publics aux entreprises du Québec par différentes mesures et différentes activités. On a la vocation, avec quelques collègues, de développer à la fois des outils et des mesures pour favoriser l’accessibilité aux marchés publics qui, malheureusement, paraît encore très difficile ou mystérieuse pour certaines entreprises. Donc, on travaille à corriger cette vision des marchés publics.

 

C’est une belle mission parce que les marchés publics peuvent donner beaucoup d’opportunités aux entreprises et ça fait grandir le Québec aussi.

 

Tout à fait. L’idée est d’arriver à augmenter les retombées économiques pour les entreprises du Québec par rapport aux dépenses du gouvernement.

 

On collabore pour les Défis Innovation Québec. Es-tu responsable du projet pour l’ensemble du Québec?

 

Oui. C’est une mesure qui vient de ma direction. J’ai le plaisir d’encadrer, de développer cette mesure-là. Le mot mesure est important parce qu’il existe le Programme Innovation, qui est sous la tutelle d’Investissement Québec. On est complètement dissocié de ce programme-là. On est vraiment une mesure opérée par le MEIE.

 

Les Défis Innovation Québec sont une mesure assez jeune. On débute une troisième année. L’idée est de partir d’une problématique d’approvisionnement d’un organisme public, qui a un besoin pour réaliser sa mission, mais qui est peu ou pas du tout répondue par l’industrie. Notre ambition, une fois qu’on a connaissance de cette problématique-là, c’est de nous appuyer sur des partenaires (des pôles d’excellence, des créneaux d’excellence, etc.) pour assurer la logistique et la réalisation des défis Innovation. Défis Innovation Québec, c’est le nom de la mesure qu’on a mise en place au sein de ma direction pour justement partir de la problématique, l’approvisionnement de l’organisme public, se retourner vers l’industrie en leur disant : Êtes-vous en mesure de nous proposer une innovation, quelque chose de véritablement nouveau, qui répondrait à ce besoin? Et il y a un comité d’évaluation, qui détermine la pertinence et l’acceptabilité de la réponse des entreprises à ce défi. Nous avons des fonds pour financer le développement de cette innovation. En résumé, l’idée c’est vraiment de partir d’une problématique d’un organisme public, de se tourner vers l’industrie en s’appuyant sur des partenaires qui vont assumer toute la logistique du défi et les entreprises ont à charge de répondre si elles acceptent de répondre à ce défi, aux besoins de l’organisme public par une solution innovante.

 

L’ambition est de faciliter la mission des organismes publics, mais surtout d’introduire des innovations au sein de l’administration gouvernementale aussi, et donc d’inciter et d’encourager les entreprises québécoises à développer ces innovations.

 

D’où a germé l’idée de créer les Défis Innovation Québec?

 

J’ai un long passé en approvisionnement. Un peu plus de quinze ans en approvisionnement en matière contractuelle dans la fonction publique québécoise. J’ai toujours eu un attrait pour l’innovation. Je suis quelqu’un d’assez curieux. En regardant ce qui se passait à l’étranger, que ce soit en Europe ou même au Canada, puisque le fédéral a aussi des mesures qui sont mises en place autour de l’innovation, ça m’a servi d’élément de base pour arriver à formuler cette possibilité aux entreprises québécoises innovantes d’accéder aux marchés publics. Parce que ce n’est pas toujours évident ou facile pour une entreprise qui a des produits ou des services déjà commercialisés de vendre à un ministère ou un organisme public. Pour les entreprises qui œuvrent dans le secteur de l’innovation, c’est un peu plus compliqué encore puisque là, il faut aussi rassurer les organismes publics par rapport à la possibilité d’intégrer de l’innovation. Parce qu’il y a un facteur de risque lié à l’innovation. Il faut qu’on arrive à implanter cette culture de l’innovation dans les organismes publics. Et cette orientation-là, finalement, ça permettait de marier le meilleur des deux mondes.

 

Parle-moi un peu de la mécanique des Défis Innovation Québec

On a des partenaires sur lesquels on s’appuie. Ces partenaires ont une bonne connaissance de leur milieu entrepreneurial et également ils sont en relation de façon régulière avec des organismes publics. Moi, au sein du MEIE, j’essaie d’être un agent facilitateur pour développer les relations et ouvrir des portes auprès d’organismes publics pour trouver des problématiques et voir la possibilité pour ces partenaires de traduire ça en défis. Alors, tout part du besoin de l’organisme public et ensuite les entreprises peuvent présenter leurs candidatures pour répondre aux besoins.

 

Il faut savoir qu’un partenaire peut lancer plusieurs défis avec différents organismes publics. En fait, avec CQI, on a une enveloppe budgétaire de 1 750 000 $ qui seront à distribuer en termes de subventions pour les entreprises.

 

Là, nous sommes dans la partie intéressante pour les entrepreneurs. Il y a une aide financière, une subvention pour les aider à développer leur innovation qui répondra aux besoins de l’organisme public. Comment ça fonctionne? Quelles sont les dépenses sur lesquelles l’entreprise peut avoir un appui financier?

 

En termes de dépenses admissibles, nous sommes assez ouverts. Il faut que ce soit effectivement des dépenses qui aient un lien direct avec l’innovation. Donc ça peut être de l’achat de services auprès d’autres entreprises, ça peut être de l’achat d’équipements, ça peut être la rémunération d’un employé. Et à ce moment-là, ce qu’on veut, c’est que l’entreprise justifie la dépense et explique comment et pourquoi c’est un besoin lié à la réalisation du défi. Ce sont des dépenses tant financières qu’en nature qui sont acceptables, mais il faut qu’elles soient motivées et justifiées dans la réalisation du projet. C’est le rôle du comité d’évaluation de statuer sur la pertinence ou non des dépenses qui seront présentées par l’entreprise.

Les dépenses admissibles peuvent être des honoraires professionnels, des services de sous-traitance, le coût de la main d’œuvre directe, du matériel, de l’équipement, des frais de déplacement, de la location d’équipement aussi. Si l’entreprise a des coûts liés à la protection de sa propriété intellectuelle, ça peut encore une fois entrer en considération dans les dépenses admissibles. Il faut savoir que c’est vraiment le comité d’évaluation qui est souverain puisqu’il est composé d’experts indépendants qui statueront sur l’acceptabilité ou le rejet des dépenses qui seront présentées dans le cadre du défi par l’entreprise.

 

Donc nous avons un plafond. C’est un montant maximum de subventions qu’une entreprise peut recevoir. Ce plafond-là, c’est 500 000 $ par entreprise?

 

C’est vraiment le montant maximal de fonds qui peut provenir du MEIE. On accepte, dans le financement des défis, qu’il y ait un maximum de fonds publics de 75 %. Donc, si l’entreprise, dans son montage financier trouve une subvention auprès d’un autre organisme public que le MEIE à hauteur de 25 %, elle va pouvoir obtenir un financement de son innovation de 75 %, ce qui est quand même assez intéressant.

 

Il doit y avoir un apport privé au niveau de 25 % à 50%, est ce que tu peux nous parler un peu de ce point-là?

Au minimum, l’entreprise aura une contribution de 25 %. Au maximum, si elle n’a pas d’autres fonds publics, à ce moment-là, ça sera 50 %. C’est ce qu’on estime être nécessaire pour s’assurer de l’implication de l’entreprise dans la réalisation du défi. Ce qu’on veut, c’est financer une innovation et on veut qu’elle soit opérationnelle à la fin du processus. Les défis n’ont pas vocation à financer l’innovation jusqu’à la commercialisation. On s’arrête au stade de la pré commercialisation. Ce qui veut dire que la solution qui est attendue à la fin du défi, c’est une solution fonctionnelle, certes, qui répond aux besoins exprimés par l’organisme public.

 

Quelle est l’implication de l’organisme public dans le processus?

Sa première implication, c’est l’expression du besoin. Il y a une période où l’entreprise prend connaissance de la problématique et essaye effectivement de voir comment ce sur quoi elle travaille pourrait répondre le plus précisément possible finalement aux besoins exprimés. Il y a une période où effectivement, ces échanges-là ont pour vocation de permettre à l’entreprise de mieux prendre possession du besoin, mieux s’accaparer et améliorer sa compréhension du besoin, et à l’organisme public de reformuler certains éléments. En fait, peut-être qu’ils vont se rendre compte dans ces rencontres préparatoires qu’il y a des choses qui ne sont pas forcément atteignables ou qui représentent un niveau de difficulté. Donc il y a une période d’ajustement entre le besoin et puis la capacité de l’entreprise à développer une solution parce qu’il faut tenir compte des délais de réalisation. Il est clair qu’on n’a pas non plus un calendrier qui est extensible à l’infini. Il y a un certain nombre de mois pour la réalisation de l’innovation. Donc ça, c’est déjà une contrainte importante.

 

Est-ce que l’organisme public doit débourser ou être impliqué financièrement avant la fin du projet?

 

L’organisme public est impliqué avant la fin du projet. On s’attend à ce que l’organisme public permette à l’entreprise de d’installer ou de mettre en condition réelle son innovation, parce que ça va permettre de l’améliorer, d’affiner des éléments de réglages, de fonctionnalités, etc. Ça permet aussi à l’organisme public de commencer à s’approprier la solution qui va être développée pour l’affiner, pour que ça corresponde le mieux possible à son besoin. L’organisme public doit forcément mettre à disposition des ressources, que ce soit du personnel, des locaux, etc.  Ça peut prendre différentes formes. L’organisme public a lui aussi une contribution, que ce soit en nature ou financière. Il peut rentrer sur le plan financier dans le 25 % additionnel.

 

Quels sont des exemples de Défis Innovation qui ont été réalisés ?

 

Il y en a quelques-uns aujourd’hui. Celui qui me vient le plus vite à l’esprit est un défi lancé par la SEPAQ. Ils une auberge qui est dans un site très isolé et ils ont besoin d’une source d’énergie qui soit la plus propre possible, la plus respectueuse de l’environnement. L’idée est de répondre à ce besoin énergétique de production d’énergie tout en limitant le plus possible les émissions de gaz à effet de serre. C’est un défi qui est quand même assez conséquent, parce que le développement de la solution a demandé des travaux, des infrastructures assez importantes pour aménager des silos, parce que l’idée, c’était de produire cette énergie à partir de biomasse et de permettre une production d’énergie durant l’hiver, notamment parce que cet endroit est complètement coupé du monde en hiver. C’est dans les monts Chic-Chocs. La difficulté pour l’entreprise, c’est que le site n’est pas accessible toute l’année. Donc, ils ont eu un calendrier assez serré parce qu’il fallait qu’ils implantent beaucoup d’éléments pendant la belle saison pour pouvoir être opérationnel, commencer les tests avec les équipements requis dès l’automne. Et puis, selon les conditions météorologiques, ils ont eu de la neige assez tôt. Donc il y a des choses comme ça qui peuvent des impondérables mais qui agrémentent la réalisation des défis.

 

Un autre défi était pour la ville de Sainte-Julie qui avait comme problématique de mieux connaître l’état de sa canopée. C’est une ville qui a une partie de son territoire qui est forestier. Ils ont de nombreux arbres et des secteurs boisés assez importants. Que ce soit sur des terrains appartenant à des particuliers ou des terrains municipaux. Et leur problématique, était de connaître l’état de santé de ces différents arbres pour éviter la propagation de maladies comme on a pu connaître pour certaines variétés d’arbres au Québec. L’idée a été de s’appuyer sur des drones avec des caméras très particulières, qui permettaient d’aller scanner et numériser les arbres en termes de hauteur et de volume de feuillage. Donc, il y a eu plusieurs captures de l’état de la forêt et des arbres du territoire de cette municipalité. Là encore, il a fallu s’adapter. Il y avait des attentes qui étaient plus importante que ce qui sera livré. Mais malgré tout, ce qui est livré répond déjà beaucoup aux besoins de la ville. Mais c’était clair dès le départ pour la municipalité qu’il y aurait probablement un écart. Et c’était accepté, c’était compris. Donc ça aussi, je pense que c’est un défi qui a bien fonctionné. Belle réussite.

 

J’ai une question au niveau des critères d’admissibilité des entreprises, est ce qu’il y a des critères bien définis? Est-ce qu’un start up peut déposer sa candidature? Comment ça fonctionne?

On est très ouvert encore une fois. L’avantage de cette mesure-là, c’est qu’on n’est pas aussi fermés et pris que quand on fait un programme. Parce que dans un programme, il jargon administratif, on appelle ça un programme normé. Une fois qu’on a établi les règles, on ne peut pas revenir dessus. L’avantage d’une mesure c’est que les règles qu’on fixe, on peut les faire évoluer selon les vagues de défis auxquels on procède. Pour les entreprises, en fait, on demande qu’elles aient une place d’affaires au Québec. Cette place d’affaires, on aimerait bien que ce soit autre chose qu’une boîte postale. Mais on a eu un défi où, effectivement, l’entreprise mère était située en Ontario. Elle a pris l’engagement, avant de déposer sa demande de subvention, de développer une structure au Québec. C’est ce qu’elle a fait, mais elle l’a fait en cours de route. Au moment du dépôt de sa soumission, on avait sa lettre d’engagement, l’expression de sa volonté, mais ce n’était pas fait. Le comité a quand même évalué que la solution proposée était très intéressante, très pertinente.

On préfère que les défis soient relevés par des PME, parce qu’on considère que c’est ce qui représente le plus gros pourcentage d’entreprises au Québec. C’est plus de 90 % des PME. Donc, il va de soi que c’est vers les PME qu’on s’oriente. On considère aussi que les entreprises de plus grande ampleur, sans parler de multinationales, qui n’ont peut-être pas besoin de financement pour développer des innovations. En tout cas, ont moins besoin de financement public pour développer leur innovation. Ce sont à peu près les seules limites. C’est plus sur la pertinence de la solution développée qu’est l’enjeu.

 

Une question que les entreprises se posent est :  Qu’est-ce que qu’est ce qui va me rester de mon innovation? Ce qui doit rester dans l’organisme public, c’est la possibilité de conserver un droit d’usage. Les droits de propriété intellectuelle, de vente, de commercialisation restent la propriété de l’entreprise. La finalité, ce qu’on souhaite dans la majorité des cas, c’est que ce droit d’usage perdure après la réalisation du défi.

 

Comment pouvons-nous entrer en contact avec des porteurs de projets de Défis Innovation Québec? Comment savoir quels sont les défis actuels?

 

Il y a la possibilité d’entrer en relation avec l’un de nos partenaires : Carrefour Québec International, Alliance Métal, Technique Textile, Sage Innovation et le centre d’expertise des drones.

Sinon je suis la personne à contacter pour avoir plus de précisions et de détails sur les défis.