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Les Exportants – Épisode 45- Vivre et travailler à Dubaï

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Date de diffusion :

27 février 2024

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Catherine Gervais, directrice générale de Carrefour Québec International, rencontre Kim Pefferkorn, stratège en intelligence d’affaires chez CQI. Kim possède une vaste expérience dans l’analyse de données, les études de marché et le marketing dans un contexte international et multiculturel. Elle a vécu et travaillé sur plusieurs continents : en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Europe et en Asie. Dans cet épisode, elle nous parle de son expérience de travail dans les Émirats arabes unis, à Dubaï, de son intégration en famille et de ses conseils pour une expérience d’expatriation réussie.

Merci de partager avec vos amis entrepreneurs, vendeurs et professionnels généralement intéressés par les affaires à l’étranger. Carrefour Québec international (CQI) et ses experts accompagnent les entreprises du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Mauricie dans leurs projets d’expansion hors Québec et à l’international.

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Kim, parle-nous un peu de toi et de ton parcours.

J’ai fait mes études à Montréal, à McGill. Quand j’ai gradué, j’ai épousé un Français, je l’ai suivi en France et après un peu partout dans le monde. Il a un parcours d’expatrié, on va dire classique. Il a été amené à avoir des postes dans différents pays au cours de sa carrière. À chaque fois, je l’ai suivi tout en essayant de trouver un travail local qui me correspondait, tant au niveau de ma formation que de mes intérêts. Il y a deux ans, il a eu une opportunité ici à Montréal. J’ai accepté de le suivre et je suis rentré à Montréal il y a un an.

 

Nous allons parler de ton expérience à Dubaï. On a choisi de parler de Dubaï parce que c’est une culture très différente de la nôtre. Tu as demeuré à Dubaï pendant quelques années, quelles étaient les raisons ?

C’était pour suivre mon mari. Il a eu une opportunité de travail là-bas. C’est un chasseur de têtes qu’il l’a approché pour un poste basé à Dubaï. Au début, j’étais un peu réticente je dois avouer, parce que j’avais déjà un travail que j’aimais énormément en France et je venais d’avoir une promotion et j’ai dû démissionner. C’était la décision la plus difficile au niveau professionnel pour moi. Souvent le conjoint qui suit un expatrié doit toujours faire un compromis dans son parcours professionnel et j’avais l’impression qu’encore une fois je devais le faire. Mais je peux te dire aujourd’hui, que c’était une des meilleures décisions de ma vie. J’ai vraiment adoré mon expérience là-bas. C’était d’une richesse incroyable.

 

Dans un parcours d’expatrié, il y a toujours ce problème, ce conflit qui peut arriver dans un couple lorsque les deux travaillent. Donc c’est quelque chose à toujours avoir en tête.

 

Est-ce que tu appréhendais un peu la relation homme-femme à Dubaï ?

Oui, c’était une de mes préoccupations. C’était une des raisons pour lesquelles je me suis dit « Bon est ce que ça va être difficile pour moi de retrouver du travail à Dubaï, étant une femme, étant une Asiatique » parce que dans certains pays ce n’est pas toujours évident. Mais j’ai été agréablement surprise. Il faut savoir qu’à Dubaï, il y a à peu près 3,6 millions d’habitants aujourd’hui et il y a à peu près que 10 à 15 % de locaux. Donc le reste, ce sont des expatriés. Il y a deux types d’expatriés là-bas : des étrangers qui travaillent là-bas (des gens qui ont de gros postes, qui viennent des grosses multinationales pour diriger la branche locale de l’entreprise) et il y a énormément de gens de l’Asie ou du Moyen-Orient qui viennent à Dubaï pour occuper des postes d’un peu de tout, parce que les locaux sont tellement peu et beaucoup n’ont pas à travailler. Tous les postes qu’il y a à Dubaï, c’est pratiquement comblé par des étrangers.

 

Du coup, c’est vrai que quand je suis arrivée sur place, je n’étais pas dans un pays qui était typiquement de la région, c’est-à-dire qu’il y avait 90 % des gens qui venaient d’ailleurs. C’était plus facile pour moi à ce moment-là de trouver un travail en passant par le réseau des Français. J’ai approché la Business France et la Chambre de commerce française à Dubaï et j’ai pu trouver quand même assez rapidement un travail via ce réseau et via les contacts d’expatriés français. Toute ma crainte de ne pas pouvoir m’intégrer, de ne pas pouvoir trouver du travail, étant une femme dans un pays du Moyen-Orient, quand je suis arrivée sur place, j’ai compris que ça allait être beaucoup plus facile que ce à quoi je m’attendais,

 

Es-tu quelqu’un qui étais réservé et qui a dû développer son côté plus extraverti pour te trouver du travail ?

J’ai toujours été de nature plus introvertie, mais pas tant que ça. J’ai toujours aimé voyager, donc toute jeune, j’ai toujours beaucoup voyagé. Et quand on voyage beaucoup, on est amené à aller vers les autres, à vraiment découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures et de rencontrer de nouvelles personnes. Donc cet aspect-là, je l’ai presque toujours eu. Mais l’expatriation, je pense que ce qui m’a beaucoup aidé, c’est de développer mon côté flexibilité, adaptabilité, facilité d’intégration, facilité à m’insérer dans une équipe ou dans un milieu social différent. En fait, on doit être vraiment adaptable.

 

Je pense que ce que je dirais pour tous les gens qui cherchent une vie d’expatriation, c’est d’être toujours ouvert à de nouvelles rencontres et à s’adapter à cette nouvelle culture. Je trouve qu’aujourd’hui je suis une personne qui est très adaptable, très flexible et qui s’intègre facilement. Donc quand je change d’entreprises, de pays, je n’ai pas trop de difficulté à m’intégrer dans une équipe.

 

En quoi consistait ton travail à Dubaï ?

Je travaillais pour le bureau local d’une multinationale française qui est dans la publicité. Je faisais du marketing opérationnel. J’aidais les commerciaux à monter des projets pour leurs clients, une proposition commerciale et des projets pour les annonceurs locaux. C’était vraiment du marketing opérationnel, ce qui est très différent des postes de marketing que j’avais occupés avant et très différent aussi de ce que je fais aujourd’hui chez CQI, sachant que chez CQI je fais beaucoup plus de l’analytique et de la stratégie que de l’opérationnel.

 

Est-ce que les clients de la firme marketing pour laquelle tu travaillais étaient situés à Dubaï ?

L’entité de cette multinationale était située à Dubaï, mais nos clients étaient partout au Moyen-Orient, mais principalement à Dubaï.

 

Dans le cadre de ton travail, tu as eu à faire affaire avec des personnes et des entreprises situées partout au Moyen-Orient. As-tu vu des différences culturelles notables au niveau de la façon de faire des affaires ?

Ce qui est sûr, c’est que c’est beaucoup de réseautage. Les gens travaillent beaucoup avec des gens qu’ils connaissent. Encore plus dans le milieu de la publicité. C’est beaucoup, de « je connais quelqu’un dans cette entreprise-là. Je vais l’approcher ». Donc, c’était important en fait, d’être très bien connecté localement. Je pense que si quelqu’un arrive et se dit : « je vais partir de zéro », ça va être très difficile. Quand on arrive à Dubaï, il faut essayer de se faire un réseau assez rapidement, mais il y a beaucoup de ressources. Par exemple, une entreprise canadienne, pourra approcher de Business France ou de la Chambre de commerce française à Dubaï. Il faut s’intégrer à un réseau professionnel rapidement parce que les entreprises s’entraident beaucoup de par leur origine.

 

Les boîtes françaises vont beaucoup s’entraider entre elles, les boîtes canadiennes vont s’entraider entre elles et souvent le conjoint qui suit l’expatrié va aussi se faire beaucoup de contacts via le réseau. Donc ça aide aussi parfois pour le travail du mari ou de la femme, parce que beaucoup de choses se font par relation

 

En tant qu’expatriée, tu es loin de ta famille. Pour pallier ce manque, est-ce les autres expatriés de la même culture deviennent un peu le réseau familial dans le pays d’accueil ?

Souvent, comme on n’a pas de famille et si on est quelqu’un qui a besoin d’avoir des contacts, la première source de contacts et de réseaux c’est toujours dans le milieu scolaire des enfants. Beaucoup de fois on va se faire des amis via les enfants. Donc les parents des enfants vont devenir nos amis. J’ai beaucoup de mes amis qui sont aujourd’hui encore en contact avec moi. C’est souvent dans le même réseau de parents d’élèves ou via les associations, comme je l’ai dit, soit des associations des familles françaises ou pour les Canadiens ce seraient des associations pour les familles canadiennes. C’est vrai que la vie sociale devient très importante parce qu’on n’a pas les liens familiaux et les événements familiaux que les gens qui ont une vie plus stable ont. Donc on va se reformer ces liens-là via un réseau social dense ou important, pour pourvoir, pour combler un peu à cet éloignement familial.

 

Combien d’années es-tu restée à Dubaï ?

Je suis resté trois ans là-bas.

 

Quelle est la durée moyenne d’une expérience d’expatriation ? Est-ce que la plupart des expatriés reviennent après trois ou quatre ans ?

Il y a une partie de gens qui vont faire deux, trois ans effectivement. Globalement, c’est à peu près la durée de beaucoup de contrats d’expatriation. Toutefois, il y a des gens qui aiment tellement le pays que lorsque l’entreprise veut les rapatrier, ils préfèrent rester sur place, donc chercher un travail local. Donc à Dubaï, j’ai des connaissances qui sont là depuis une vingtaine d’années. Ils sont partis en tant qu’expatrier, mais ils sont restés plus longtemps. Il y en a que les contrats se renouvellent. J’ai une de mes très bonnes amies qui est là, ça va faire presque neuf ans, alors qu’elle était partie pour rester deux ou trois ans. Mais je pense que tu as raison. Je pense qu’il y a un taux de roulement important dans le milieu des expatriés, mais il y a quand même une portion pas négligeable de gens, surtout quand c’est un pays qui est sympa. Quand tu as la chance d’atterrir dans un pays qui est quand même agréable, souvent les gens ils ne veulent pas revenir dans leur pays d’origine et ils restent un peu plus longtemps d’une façon ou d’une autre, soit en négociant pour rester avec la même entreprise ou carrément chercher une autre entreprise locale.

 

La culture à Dubaï, c’est une culture internationale ?

Oui, parce que c’est vrai que je n’ai pas eu beaucoup de contacts avec les locaux, donc je ne pourrais pas dire comment les locaux vivent. Parce que beaucoup ne travaillent pas. Je ne sais pas si aujourd’hui c’est encore le cas, mais à une époque, tout était payé par le gouvernement pour les locaux : la santé, l’éducation, le logement, etc. Donc ils n’avaient pas vraiment besoin de travailler et on les voit très peu. C’est vrai que mon expérience là-bas, c’est plutôt une expérience avec des nationalités autre que la population locale.

 

C’est quand même fascinant qu’ils aient bâti une ville comme ça, au milieu du désert. Qu’est-ce que tu retiens comme défi par rapport à ton adaptation à la culture là-bas ?

En général, pour une femme ou un homme d’expatrié, c’est toujours de repartir à zéro. C’est-à-dire tu dois refaire ton réseau, ton carnet d’adresses, retrouver du travail, essayer de faire en sorte que tes enfants soient bien intégrés, trouver le médecin, le dentiste, le coiffeur, les activités pour les enfants. Donc ça, c’est le défi général qui revient souvent quand tu changes de pays. Et à Dubaï, comme c’était ma quatrième expatriation, je commençais à être un peu rodée on va dire. Donc ça a été un peu plus facile pour moi parce que j’étais déjà plus rodée. Les enfants étaient un peu plus vieux, tout le monde parlait anglais, etc. Je pense qu’il y a des pays qui sont plus difficiles que d’autres et la plupart des expatriés que je connais à Dubaï c’était une intégration facile par rapport à d’autres destinations. Je pense que Dubaï n’était pas une destination difficile pour la plupart des expatriés en fait.

 

À Dubaï, ce qui était un petit peu plus difficile, mais plutôt pour les enfants c’était d’apprendre l’anglais. Mais ça a été rapide et c’était plutôt sympa pour eux. Parce qu’en France, ils ont beau avoir plein de cours d’anglais à l’école, l’anglais ne progressait pas beaucoup. Arrivé à Dubaï au bout de trois mois, il parlait couramment anglais, donc ça, c’était sympa. Ce sont plutôt les distances qui étaient difficiles. Par exemple, pour aller à l’école, plutôt que de prendre cinq-dix minutes, c’était 1 h, voire 1 h 30 de route en bus le matin. Parce que leur école a été construite en plein désert, hyper loin, pour avoir beaucoup de terrain. Donc c’était de l’ajustement. Se dire on se réveille à 8 h pour commencer à 8 h 30. Mais là, on se réveille à 6 h 15 pour prendre le bus à 6 h 30 et commencer à 8 h. Donc ça, c’était un peu l’ajustement pour eux.

 

Et puis les petites choses que je voudrais quand même souligner pour les gens qui seraient intéressés à s’expatrier à Dubaï, il faut faire attention parce qu’effectivement quand on arrive là-bas, il n’y a pas de taxes, il n’y a pas d’impôt. Tout le monde trouve ça génial, mais tout est privé. Donc l’école est privée, le système de santé est privé, le bus est privé. J’ai ressorti les prix à peu près. Pour l’école primaire, par année, c’était 13 000 $ canadiens les frais de scolarité. Tu rajoutes à ça entre 2 000 $ à 3 000 $ pour le bus privé. Au secondaire, c’est entre 17 000 $ et 18 000 $ canadiens. Ensuite, le système de santé, si tu ne travailles pas, tu dois prendre une assurance privée. Si tu travailles, l’entreprise contribue à ta mutuelle santé. Mais tout ça fait que quand je suis rentré par la suite, je comprenais mieux pourquoi on paie des impôts. Parce que tu dis OK, je paie les impôts, mais je sais pourquoi. Parce que tu vois en France, je payais 45 € le bus à l’année. Et quand tu regardes à Dubaï, entre 2 000 $ et 3 000 $, alors tu comprends pourquoi tu paies les impôts. Je pense que quand tu as des expériences à l’étranger, tu as des points de comparaison et tu râles moins sur des choses parce que tu relativises plein de choses. Tu comprends certaines choses. Le système de santé c’est pareil, quand j’allais voir le médecin c’était plein pot. Ici et comme en France, quand tu as une carte qui paie tes soins, tu ne sais pas combien ça coûte. Tu ne sais pas ce qu’est le vrai prix de ce que tu as comme prestations.

 

Donc je peux te dire qu’aujourd’hui mon mari et moi on râle très peu pour les impôts. On va payer nos impôts, on ne dira rien parce qu’on se dit on comprend. Quand tu as trois enfants qui vont à l’école et que dans une année ça te coûte cher, fait le calcul presque 50 000 $ canadiens. Et aussi c’est ça qu’il faut dire aux gens qui s’expatrient. C’est toujours de négocier, si possible dans leur contrat d’expatriation, au moins déjà des choses comme ça, la santé, l’école, c’est certain.

 

Comment tes enfants ont-ils trouvé leur expérience là-bas ?

Au début, ils n’étaient pas super contents parce que comme beaucoup d’enfants, ça veut dire encore laisser leurs amis. Donc ça, c’est le premier réflexe des enfants, ils ne sont jamais emballés de partir. Mais quand on a montré l’école, qui était vraiment incroyable là-bas, et une fois qu’on était sur place ç’a été mieux. Aujourd’hui, on parle beaucoup de Dubaï, mais en 2013, pour beaucoup de gens, ce n’était pas aussi clair qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas plein de gens qui voulaient aller là-bas en vacances et tu n’avais pas cette image d’une ville. C’était encore un peu plus flou. Donc eux, ils n’étaient pas emballés. Mais une fois sur place, ils se sont vraiment régalés. Ils ont vraiment, vraiment adoré leur expérience là-bas. C’était une école vraiment récente, moderne, avec des gens de plein de pays différents donc c’est méga riche. C’est vrai que quand on est enfant d’expatriés dans certains pays, tu as quand même une vie privilégiée, ce qui fait que pour les enfants, c’était vraiment une vie de loisirs. C’est une des raisons pour laquelle je ne pensais pas rester beaucoup plus longtemps, parce que je trouvais que quelque part, ce n’est pas la vraie vie pour les enfants.

 

C’était un peu comme un gros parc d’attractions ?

C’est beaucoup axé sur aller le cinéma, aller dans différentes fêtes, chez les uns, chez les autres, dans les malls, aller dans les parcs d’attractions. Ce n’est pas péjoratif parce qu’il y a quand même une certaine profondeur à vivre à Dubaï, même si c’est un pays ou on a l’impression que c’est artificiel, et tout ça, au niveau personnel c’est très riche. Tu y côtoies des gens qui viennent des pays très pauvres, les enfants apprennent à se sentir privilégiés. Toi, si tu es dans un pays privilégié, tu ne vois pas, mais dans un pays comme Dubaï, tu vois des gens qui viennent de plein de pays différents, donc tu es plus sensible à tout ça. Il y a quand même une certaine richesse à vivre à Dubaï. Mais c’est vrai que quand tu es un enfant d’expatrié, tu vis quand même vraiment beaucoup dans le loisir.

 

Est-ce qu’il y a des endroits pour aller les weekends où s’est vraiment concentré en ville ?

La plupart du temps, la grande activité est allée camper dans le désert le weekend. On a des amis qui font ça tous les weekends. Autour des villes, c’est le désert. Donc sois tu vas dans les villes, soit tu vas faire du camping dans le désert et tu peux aller un petit peu plus loin. Tu peux visiter les différents États parce que Dubaï c’est un émirat, donc tu peux visiter les autres émirats de la région. Tu as aussi des personnes qui vont aller en Oman. Donc ça, c’est un très beau pays où il y a vraiment beaucoup de choses à visiter.

 

Le parcours un peu classique des expatriés, c’est les premiers temps, tu vas faire Dubaï, Abu Dhabi, tu vas faire des weekends dans le désert. Après ils vont aller aussi en Oman. À l’époque où j’y étais, il y avait la guerre en Syrie. Mais avant ça, beaucoup de gens allaient en Jordanie. Aller en Syrie, ce n’est pas très loin et donc il y a quand même beaucoup de pays super beau et riche à découvrir dans la région.

 

Est-ce que tu te sens en sécurité partout ?

Naturellement, on n’est pas allé en Syrie, on n’est même pas allé en Jordanie alors que c’est un pays qu’on aurait aimé visiter. Mais à l’époque, c’était vraiment trop dangereux. Mais dans tous les autres pays je ne me suis jamais senti en danger. Et comme Dubaï, c’est un hub, tu as la compagnie locale qui Emirates Airlines, qui a énormément de routes vers d’autres destinations, on en a beaucoup profité aussi pour aller en Inde, pour aller au Vietnam. Ça faisait moins loin que de partir de la France ou du Canada. Tu ne vas pas nécessairement avoir plein de choses à faire à Dubaï, mais comme Dubaï est un hub, ça te permet de visiter plein de coins intéressants en partant de Dubaï.

 

Quel serait un conseil à donner à quelqu’un qui va vivre à Dubaï, pour bien s’intégrer ?

Au niveau professionnel, je pense qu’il faut vraiment être hyper ouvert parce que quand tu travailles dans une boîte à Dubaï, tu vas travailler avec plein de nationalités. Par exemple, chez JC Decaux, on était, je pense, 80 ou 100 et il y avait 30 nationalités. Donc naturellement, chacun a ses particularités, ses codes, on va dire tacites. Il y a des choses que tu ne penses pas que ça puisse froisser une personne. Donc il faut être vraiment ouvert et essayer de comprendre et puis prendre ça comme une expérience enrichissante au niveau personnel aussi.

 

J’ai appris plus personnellement que professionnellement parce que j’étais arrivé à un point où le travail était pour moi une façon d’être plus intégrée socialement à Dubaï. Et j’avais fait beaucoup de postes avant d’aller à Dubaï. Donc pour moi, c’était plutôt une expérience personnelle dans le travail, j’ai moins appris, on va dire au niveau travail qu’au niveau personnel, qu’au niveau amitié. J’ai fait beaucoup d’amitiés avec des gens de différentes nationalités, donc ça a été vraiment riche pour moi et ça a été une expérience qui m’a beaucoup touché.

 

As-tu eu connaissance de gens qui essayaient de développer le marché en tant qu’exportateurs et qui ont essayé de commencer à vendre à Dubaï ?

J’avais fait un peu de freelance avec des boîtes françaises, dont la filiale à Dubaï était petite, donc j’avais travaillé avec quelques structures pour essayer de développer leur marché localement. Ce n’est pas toujours facile parce qu’il y a énormément d’entreprises qui viennent à Dubaï pour les mêmes raisons. C’est vraiment un marché à développer, tu vois, tout le monde veut y être. Donc il y a beaucoup de compétition, il y a beaucoup de concurrence.

 

Avec ton œil externe, penses-tu que Dubaï, c’est là pour durer ?

Je pense que oui quand même. Parce que Dubaï, en fait, s’inspire beaucoup de Singapour. Contrairement à ce que les gens pensent, Dubaï n’est pas riche en pétrole, contrairement à Abu Dhabi. Donc il a dû, le cheikh, trouver d’autres moyens d’attirer les entreprises. Et moi, je trouve que c’est assez incroyable ce qu’il a fait. La première fois que j’y étais, c’était en 1999. En 1999, quand je suis sorti de l’aéroport, il n’y avait vraiment pas grand-chose. C’était pas mal de déserts. Il y avait quelques hôtels, quelques développements, mais vraiment il n’y avait pas grand-chose. Et là je suis retourné en 2013, moins de quinze ans plus tard et c’était incroyable ce qui s’était passé en moins de quinze ans. Bon, c’est peut-être un peu pour ça aussi qu’ils ont un peu fait faillite parce que ça s’est développé très vite et avec une volonté d’aller très très très vite. Mais voilà, quand on va vite et qu’on n’a pas nécessairement l’argent du pétrole comme à Abu Dhabi, il y a eu des moments difficiles. Mais je pense que sa façon de voir et d’orienter son pays, sa ville, est pas mal clairvoyante. Je trouve qu’il a fait des choses vraiment incroyables, que ça nous prendrait vraiment beaucoup de temps à faire en France. Il a fait ça très vite, il a mis Dubaï sur la carte alors que je suis sûr qu’en 1999 les expatriés n’étaient pas très nombreux et que personne vraiment ne voulait aller s’installer là-bas. Mais là, je veux dire, quand j’étais en 2013, il y avait plein de gens qui venaient de leur propre volonté pour s’installer là-bas, tellement que c’était devenu une destination attirante. Je ne pense pas que ce soit une vie de mirage.