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Entrepreneuriat féminin

Les Exportants – Épisode 47 – Cultiver l’innovation : l’expansion de la marque Natpro

Les Exportants -Ep-47-cultiver-l-innovation-expansion-marque-Natpro

Date de diffusion :

12 mars 2024

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Catherine Gervais, directrice générale de Carrefour Québec International, rencontre Natacha Desnoyer, directrice générale et copropriétaire de Natpro, une entreprise située à Saint-Stanislas qui fabrique des vêtements de protection technique, entre autres pour le domaine forestier. Dans cet épisode, Natacha nous parle des défis de l’entreprise et de tout ce qu’ils ont mis en place pour mieux innover. Elle nous parle également du développement aux États-Unis de leur nouvelle gamme pour arboristes, Arborius.

Merci de partager avec vos amis entrepreneurs, vendeurs et professionnels généralement intéressés par les affaires à l’étranger. Carrefour Québec international (CQI) et ses experts accompagnent les entreprises du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Mauricie dans leurs projets d’expansion hors Québec et à l’international.

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Natasha, avant de parler de Natpro, parle-moi un peu de toi.

J’ai une maîtrise en communication sociale avec une spécialité en gestion de crise puis en communication organisationnelle. C’est un grand mot pour dire comment on communique en entreprise, puis comment on gère les crises par la communication. Ça m’a beaucoup aidé tout au long de mon parcours et ça m’aide encore aujourd’hui. Sinon, j’ai près de 20 ans d’expérience dans des postes de direction de haut niveau que ça soit à la direction générale ou même CEO propriétaire d’entreprise. Je suis entrepreneure depuis 8 ans et quelques poussières. Je me suis jointe comme propriétaire chez Groupe Conseil MCG il y a 8 ans. Groupe Conseil MCG est une entreprise de service située dans la région aussi. Puis à travers Groupe Conseil MCG je me suis formée comme coach scaling up, un coach qui accompagne les équipes de direction dans leur stratégie de croissance par tout ce qui est stratégie exécution individu et liquidité d’entreprise.

Si je vais un petit peu au niveau personnel, j’ai une belle famille recomposée avec quatre enfants qui sont grands maintenant, la plus jeune a 16 ans et la plus vieille a 33 ans. Il y a deux petits enfants là-dedans maintenant aussi, puis je suis une amoureuse de nature et des animaux. On a deux chiens, un chat. Aussi, je pratique beaucoup de sport qui nous garde contact avec la nature, de la course de trail, du ski de rando et toutes sortes de sport que qui me permet de me connecter dans le bois. C’est pas mal ça mon parcours.

Qu’est-ce qui t’a amené à te lancer en affaires et à t’associer avec MCG?

J’ai toujours eu cette envie d’entrepreneuriat dans mes emplois antérieurs. J’accompagnais souvent des entrepreneurs et je me considérais comme une intrapreneure à l’époque. Quand j’ai quitté mon dernier employeur, j’ai pris une pause du marché du travail et j’ai été un bon 3 mois à ne pas travailler et à me questionner sur ce que j’avais réellement envie d’accomplir. J’étais au début de ma quarantaine, probablement une crise de quarantaine. Je me suis dit c’est maintenant ou jamais, donc ça a été là. J’avais commencé à discuter avec Marie-Claude et Johanne, qui m’ont invité à joindre l’équipe. Elles trouvaient que je pouvais apporter un beau complément à leur duo d’associées. J’ai décidé de faire le saut puis de me lancer en entreprise. Je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs, mais c’est quelque chose qui est en moi depuis toujours.

Comment est arrivée l’opportunité d’investir dans Natpro?

C’est une très bonne question. À tout le monde qui nous pose la question, on leur répond toujours que c’est né d’un brin de folie. Je pense ça prend beaucoup d’audace pour faire ce genre de move-là. Dans notre réflexion stratégique on avait un BHAG qui est un « Big Hairy Audicious goal », un gros rêve ambitieux poilu si je peux le franciser, qui était fait de faire l’acquisition d’une entreprise manufacturière où nous pourrions mettre les deux mains sur le volant de ce qu’on fait avec nos clients. Je viens de l’entreprise manufacturière à la base, Marie-Claude aussi et nous avions envie de nous remettre les deux mains dedans, d’avoir les deux côtés de la médaille : le côté service-conseil, qui accompagne les entreprises, puis le côté qu’on fait ça chez nous aussi qu’on peut aller au bout des décisions qu’on prend. Natpro était dans une région qui nous convenait, les deux entreprises n’étaient pas trio loin l’une de l’autre, elle était d’une taille qui nous intéressait et le défi principal en était un de main-d’œuvre. Chez Groupe Conseil on avait un service de recrutement, alors on était vraiment très bien équipé pour supporter les défis de Natpro. On a décidé de faire le saut.

Comment s’est présentée cette opportunité d’achat pour vous?

Natpro était client chez Groupe MCG. On les accompagnait déjà dans plusieurs éléments de la progression de l’entreprise et de fil en aiguille c’est venu dans les discussions.

Tu es formée pour accompagner les entreprises dans leur progression, est-ce que le rachat de Natpro et ton implication en entreprise, sur le terrain, a eu un impact sur la manière dont tu accompagnais les entreprises?  

Je dirais qu’il n’y a pas de grande différence. Toutefois, ce que ça a permis c’est d’ajouter de la profondeur. Je me suis gardé quelques clients, ça fait partie d’à peu près 15 % de mon temps de continuer coacher des équipes de direction. Je pense que ça amène quelque chose qui est vraiment complet dans l’accompagnement. Mais on le vivait déjà dans notre entreprise de services parce que nous ne sommes pas des travailleurs autonomes, on gère quand même une bonne équipe chez Groupe MCG. Maintenant, que ce soient des entreprises de services ou des entreprises manufacturières, on a de la profondeur partout parce qu’on le vit pour de vrai.

Parle-moi de Natpro, de ses produits et de l’entreprise.

Natpro existe depuis 1954, ça fait quand même vraiment longtemps. Tous ceux qui pensent que Natpro s’est relié à mon prénom ça n’a rien à voir, je n’étais même pas dans les rêves de mes parents à cette époque-là, c’est seulement un concours de circonstances. Natpro est né à Montréal dans un garage puis à cette époque-là il faisait que des gants de protection. Je vais faire une histoire courte, mais avec les années il y a eu plusieurs personnes qui se sont associées ou qui ont quitté l’organisation et vers la fin des années 60 à peu près l’entreprise s’est installée à Saint-Stanislas. Puis à Saint-Stanislas elle a fermé en 1980 parce que le propriétaire était décédé. Ce sont des gens qui travaillaient chez Natpro, des personnes de la communauté et des acteurs du milieu qui ont reparti Natpro en 1982. Éventuellement l’entreprise a été rachetée et ils ont aussi racheté les employés. Mais c’est vraiment une histoire de cœur. Natpro fait partie du patrimoine de Saint-Stanislas depuis très longtemps.

Pour répondre à ce qu’on fabrique, on fabrique des vêtements de sécurité pour les travailleurs. Des gants et des mitaines de protection qui vont être vendus notamment, pour que vous ayez une image, dans les alumineries. On a des vêtements qui protègent contre la chaleur, on a des imperméables qui protègent contre les flammes, contre les arcs électriques, contre les produits chimiques, on a aussi toute une gamme pour l’industrie forestière, puis on a une gamme aussi pour les soudeurs et tout ça. Tout ce qui peut être protégé chez le travailleur avec un équipement technique quand même très poussé. On n’est pas dans du vêtement qui est de commodité.

Est-ce que la notion de vêtement technique fait partie intégrante de l’entreprise depuis ses débuts?

Oui, c’est ça depuis le début.

Comment l’entreprise a-t-elle vécu la mondialisation et l’ouverture des marchés? Est-ce que la compétition d’outre-mer a eu un impact?

Un peu, mais pas beaucoup parce que la niche était quand même très claire et cette niche-là faisait qu’il n’y avait pas beaucoup d’équivalents asiatiques. Cependant, on a un produit qui s’appelle le Natpak, qui est un imperméable d’usage général, on en vend encore un peu parce qu’il est plus résistant, mais on a perdu beaucoup de part de marchés avec les années. Par exemple un acériculteur qui veut travailler dans la forêt et qui ne veut pas que son imperméable brise après 2 secondes, il va l’acheter chez nous, ça va durer plus longtemps. Mais les ventes ont baissé de 90 %.

Est-ce que ça vous a forcé à vous renouveler dans votre offre produits?

Pas tant que ça pour être tout à fait honnête. Le secteur de la santé-sécurité est un secteur qui est très conservateur pour la simple et bonne raison qu’on protège des travailleurs. À quelques exceptions près, les vêtements ne sont pas faits pour être beaux, ils sont vraiment faits pour protéger. Une fois que la protection est là, ils ne veulent plus qu’on ne touche à rien. Donc de revoir le design ou même de changer quelque chose ce n’est pas très bien vu, parce qu’ils veulent conserver cette stabilité-là. Avant qu’on habille un travailleur avec un équipement, le processus est long, l’équipement passe par le syndicat, par les comités santé-sécurité, par la direction, etc. Il a passé toute une batterie d’étapes pour arriver entre les mains du travailleur. Pour que ça change, ça prend vraiment beaucoup d’effort et d’énergie. Donc on ne change pas pour changer dans le domaine de la sécurité.

Comment se situe votre concurrence?

Ce qui est un peu particulier chez Natpro c’est que chacune de nos gammes de produits a ses propres concurrents puis son marché. Ce qui nous rend aussi un peu uniques. Habituellement, les gens qui fabriquent des gants fabriquent des gants, ils ne fabriquent pas des imperméables puis ils ne fabriquent pas des vêtements forestiers. Donc on a des concurrents dans le forestier qui sont de plus en plus présents et qui sont de plus en plus internationaux. Dans les gants au Québec, il n’y a plus d’entreprises manufacturières, ils ont tous arrêté d’exister. Au Québec, nos plus grands concurrents viennent du Pakistan. Ce qu’on a au Québec ce sont des distributeurs ce ne sont plus des fabricants. Au niveau de l’imperméable, ce sont aussi des joueurs internationaux. On a des concurrents présents sur le marché, mais nous n’avons pas de concurrence directe au Québec.

Dernièrement vous avez créé un nouveau produit, un pantalon pour arboriste. Parle-m’en un peu.  

En fait le pantalon et la jambière pour le secteur forestier, ça fait 35 ans que cette gamme existe chez Natpro. Toutefois, notre gamme de produits était traditionnellement faite pour protéger les travailleurs forestiers et des travailleurs forestiers, il y en a de moins en moins. Le processus est de plus en plus mécanisé. Il reste toujours le bûcheron qui a le goût d’aller sur sa terre à bois, puis il y en a de plus en plus mine de rien. C’est vraiment croissance. Les gens ont le goût d’être dans le bois la fin de semaine, ils s’achètent des terres ou reviennent à la campagne, donc c’est une gamme que l’on conserve. Toutefois, le marché des travailleurs forestiers lui a beaucoup évolué. Le secteur des arboristes est en forte croissance. Les arboristes ce sont ceux qui prennent soin de nos arbres, ils travaillent pour les villes, ils vont aller s’occuper des arbres dans les villes, pour les entreprises et sur nos terrains, etc. Des arboristes il y en a de plus en plus, puis les arboristes ont besoin d’un confort différent des travailleurs forestiers. Ils ont besoin de la même protection qui va les protéger contre la scie à chaine, mais ils ont envie d’avoir un certain design parce qu’ils vont aller s’acheter de la gomme au dépanneur et ont envie d’être beaux et confortables dans leur pantalon. Ils ont besoin que ça soit léger, parce qu’ils portent toute leur journée de travail, ce n’est pas juste pour la fin de semaine ou quand il sort dans le bois. Ils ont besoin d’avoir une certaine souplesse. Ça ressemble plus à un pantalon de plein air avec une protection qu’un pantalon forestier comme dans le temps. Nos clients ont commencé à nous demander quand on renouvelait nos pantalons puis on a commencé à travailler là-dessus, à regarder un peu ce qui se passait dans le marché du travail avec nos clients, avec les utilisateurs pour arriver avec cette nouvelle proposition.

Comment est-ce que cette demande du client est venue à tes oreilles?

En fait de plusieurs façons. À l’époque où nous avons acheté Natpro, puis encore aujourd’hui, j’ai fait la tournée de tous les clients. Je leur ai demandé ce qu’ils appréciaient de Natpro pour qu’on le conserve et ce qu’ils souhaitaient voir évoluer pour qu’on l’améliore. On a commencé notre relation d’affaires avec ça. J’ai passé 6 mois à talonner le Canada pour aller rencontrer les clients 1 à 1. Ça a fait partie de la récolte d’information à cette époque – là et notamment on a un client qui nous a amené des pantalons forestiers qui existaient à l’époque en Europe et il nous a dit « ce design-là ça pognerait chez nous, ils sont plus intéressants, tu sais ». On a commencé à travailler ça de concert avec ce client et on avait un autre client qui souhaitait avoir un nouveau design quelque chose de plus léger, alors on a on a commencé à faire des petites équipes de travail avec nos clients pour développer ce produit.

Comment se passe la création de nouveaux produits chez Natpro?

Nous avons mis en place une équipe de projet. La mise en place de cette équipe, qui fait de la R&D et la conception de nouveaux produits ça s’est fait dans les trois dernières années à peu près.

On a une designer, patroniste de formation, qu’on a utilisé ses compétences. On a changé son poste pour aller vraiment explorer le maximum de ses talents. On a une superviseure qui est vraiment excellente en conception de produits. Ils ont fait un duo incroyable au niveau de faire des prototypes. Puis on a monté l’équipe aussi avec quelqu’un qui est aux ventes, qui s’assure de rester connecté sur le client de faire les ponts et on est allé aussi chercher des équipiers externes, dont une autre patronistes qui nous supporte là-dedans, des gradateurs de patrons pour qu’on puisse être capable d’avoir les bonnes tailles. On a toute une équipe pour être capable de faire cette confection-là puis d’arriver avec quelque chose qui tient vraiment la route.

Dans les cours en innovation on dit que c’est à peu près 9 chances sur 10 d’échouer, comment s’est passé le lancement de cette gamme?

On a échoué en partant. On est dans le 90 %. Parce que ç’a l’air simple, moi sincèrement quand je suis arrivée ici, je ne connaissais rien du textile puis pour moi un pantalon là c’est deux tuyaux avec une taille, rien de compliqué. Mais c’est plus compliqué que ça de faire un bon fit, ce n’est quand même pas aussi simple qu’on peut le penser. Puis aussi ce qu’on a c’est que nos pantalons sont normés, donc ils sont conformes à une norme. Nos pantalons depuis 35 ans sont conformes à la norme. Les normes ont évolué au cours des ans, mais pour que les travailleurs portent nos pantalons forestiers, au Québec en tout cas, il faut vraiment qu’ils répondent à la norme. Puis pour les autres provinces, ils sont un peu plus lousses, ils sont moins sévères, aux États-Unis aussi, mais c’est vraiment important d’avoir des pantalons qui répondent à la norme pour être capables de percer ces marchés. Donc notre test numéro 1 c’était lorsqu’on a envoyé notre échantillon au laboratoire UL. Le nerf de la guerre quand on a envoyé notre pantalon c’était le pad balistique qui est à l’intérieur, c’est lui qui arrête la scie à chaine. On a fait des recherches un peu partout à travers le monde pour trouver un fournisseur de pad balistique qui pouvait nous offrir un pad beaucoup plus léger que ce qu’on avait dans nos anciens pantalons. Le critère numéro 1 c’était la légèreté, les travailleurs les travailleuses portent ça toute la journée donc il faut que ce soit léger. On a essayé un nouveau pad qui venait d’Europe puis on était tout fier de notre envoi, on était sûr qu’on avait bien travaillé on envoie ça à UL et chaque test nous coûte plusieurs milliers de dollars. Puis, ils nous répondent que ça ne passe pas le test, la scie passe dedans. Et notre fournisseur nous garantissait que ça passait la norme, mais ce qu’on ne savait pas c’est qu’il fallait mettre le tissu dans un bon sens pour que ça marche, c’est une niaiserie comme ça si je peux me permettre. Je me rappelle encore j’étais en Gaspésie quand j’ai reçu le téléphone, en vacances, j’ai dit OK on respire on repart. Mais tout ça était quand même très positif parce qu’entre temps on a réussi à avoir accès à des données sur des recettes de composition de pad, on a élargi nos recherches on a fait venir tout ce qui existait comme balistique à travers le monde puis je suis assez certaine de dire tout ce qui existe. On a fait des recherches en superposant des fournisseurs en faisant plein de choses on s’est monté un laboratoire chez nous, on s’est acheté une scie à chaine qu’on a. On a transformé la scie qui est conforme à UL, on a fait les tests comme UL puis là quand on a envoyé ça on était sûr que ça passe c’était encore plus léger que ce qu’on avait eu la première fois, puis quand on a sorti ce pantalon-là ben on était les plus légers à travers le monde de tout ce qui est annoncé fait qu’on était quand même très content de ça.

Une fois que le pantalon était conforme aux normes, comment s’est passée la commercialisation de ce produit, qui visait un nouveau marché?

En fait une fois que ça a passé les normes ce n’était pas tout fini parce qu’il fallait s’assurer d’avoir de bons tissus, qui correspondent aux besoins des clients, c’est-à-dire des tissus qui sont plus des tissus de plein air. Ce qu’on n’avait pas. Puis ça l’air simple ça aussi, mais trouver des tissus c’est quand même toute une quête. Donc on a trouvé les tissus on a fait le design et parallèlement à ça Natpro avait toujours vendu ses produits tous ensemble. La majorité de nos autres produits sont vendus au secteur industriel que ça soit de l’industriel, quel qu’il soit ça demeure un secteur industriel donc nos distributeurs sont les mêmes distributeurs. Dans le secteur forestier, ce sont des distributeurs différents dans la majeure partie des cas et les acheteurs finaux ne sont pas des industriels. Pour être capable de percer ce nouveau marché, il fallait démonter à la clientèle que le produit forestier c’est un fer de lance chez nous et que ce n’est pas un by the way on fait du forestier. Donc on s’est créé une nouvelle marque de commerce qu’on a protégé et enregistré autant pour le Canada et les États-Unis. On est train de sortir un site internet distinct de Natpro qui s’adresse à cette clientèle-là puis pour ce qui est de la marque et même pour tous les tests au niveau du design et tout ça on le travaillé de concert avec une équipe d’arboriste. C’est eux qui ont choisi pour être sûrs que ça leur parle. On est arrivé avec plusieurs choix, les choix des couleurs, le choix du logo, du nom, le choix du pantalon puis on est encore en contact avec cette équipe-là qui nous supporte. Il y a 35 arboristes là-dedans. On passe au vote on donne des tuques, des boîtes à lune pour être sûr qu’on garde ce lien-là avec eux puis ils sont tellement fiers de contribuer à la confection de ce produit-là on est on est très content et très choyé de faire affaire avec ces gens.

Allez-vous les utiliser dans la commercialisation un peu comme des influenceurs?

Ben c’est sûr qu’il va y avoir une stratégie d’influenceurs, je ne le sais pas si ça va passer par eux. La sélection des influenceurs va être selon les marchés. Au Québec on a déjà nos distributeurs pas mal, on va pouvoir arriver avec. On a déjà commencé d’ailleurs au Québec on est quand même en voie de s’installer quand même confortablement avec Arborius, le reste, ça va être pour le reste du Canada et les États-Unis qu’on va développer une stratégie d’influenceurs.

Est-ce que vous vendez directement à partir de votre site internet?

Pour arriver avec un site transactionnel ce n’est pas juste le site qu’on doit changer, c’est tout le modèle d’affaires. Il faut être équipé à l’entreprise pour répondre au service aux consommateurs, faire des retours, il y a toute une stratégie qui est complètement différente de ce qu’on est actuellement où l’on vend à des distributeurs. Pour le démarrage on va commencer juste au distributeur, éventuellement on va regarder pour voir si c’est viable et logique dans ce marché-là d’aller vers la vente au consommateur.

Présentement les pantalons ça représente une certaine portion des produits de Natpro est-ce que tu penses que ça va être ça va aller en croissance?

En fait on a deux catégories de produits qui sont des catégories de produits étoiles je dirais qui sont nos fers de lance pour le développement de l’entreprise : les pantalons forestiers et les imperméables

Vous commencez à démarcher les États-Unis, peux-tu m’en parler?

En fait aux États-Unis on était là un peu par accident parce qu’on avait des clients qui avaient des activités aux États-Unis et au Canada. On n’a rien fait pour développer les États-Unis et nous n’y étions pas dans le forestier. Actuellement, ce qu’on veut c’est vraiment développer le marché de façon proactive. Pour se faire, on a travaillé avec l’équipe de CQI, on a fait une stratégie de commercialisation aux États-Unis pour ces deux catégories de produits dont je vous parle. On a surtout axé sur le forestier avec CQI. On a regardé la concurrence aux États-Unis qui est semblables mine de rien de celle du Québec, mais on a eu vraiment de l’information en profondeur c’était vraiment fort intéressant puis voir comment on peut se positionner puis se démarquer. On est en train tranquillement de mettre en place cette stratégie-là, on est allé voir un salon forestier il y a quelques mois de ça, on est allé voir sur place voir qui ils sont, qu’est-ce que ça goûte, qu’est-ce que ça sent là-bas, qu’est-ce qui nous manque. On a pu le voir pour de vrai. Ce que je dirais qu’on est en train de travailler c’est d’élargir notre gamme d’avoir une offre plus intéressante de modèles. On est en train de revamper nos anciens modèles aussi on va aussi lancer de nouvelles jambières avec des tissus plus intéressants avec un look plus intéressant on est en train de pimper ça un peu, parce que ce qu’on réalise aux États-Unis si tu arrives avec trois modèles tu n’es pas crédible, même si ce sont les trois modèles qu’ils vont acheter.

Est-ce que c’est une différence comparativement au marché du Canada?

Je dirais que c’est une. En fait aux États-Unis, de ce qu’on a vu dans les salons, c’est que ce sont les grands joueurs qui sont présents. Et les grands joueurs au Canada et aux États-Unis c’est semblable, mais j’ai moins vu de PME aux États-Unis. Il y a une espèce de concentration des joueurs, qui se rachètent. Si on veut tirer notre épingle du jeu outre toutes les belles informations qu’on a dans notre stratégie, il faut vraiment qu’on élargisse le jeu.

Comment vois-tu la croissance de l’entreprise?

L’équipe en place, pour en avoir vu beaucoup, je serais prête à prétendre qu’on est une des équipes les plus engagées qui existe. Les gens ont vraiment à cœur la réussite. Je pense que la réussite de Natpro va passer par ce cœur-là, cet engagement-là, puis mêler avec tout le rafraîchissement des nouvelles arrivées. Actuellement on est en recrutement à l’international, il y a des Tunisiennes qui arrivent. J’en ai une qui arrive dans une semaine et demie, puis une autre à la fin de l’autre mois, puis je suis en recrutement pour d’autres pour l’année prochaine. Il y a aussi tous les experts et les spécialistes qu’on s’entoure qu’on choisit sur les mêmes valeurs de l’entreprise on choisit beaucoup les gens avec qui on travaille en fonction de qui on est puis avec ce mélange-là de nouvelles expertises, d’anciens savoir-faire, d’engagement, de fit de valeur c’est avec ça que ça va aller plus loin.

Comment vois-tu l’arrivée des travailleurs étrangers dans le village?

Je trouve ça vraiment incroyable comme opportunité de pouvoir contribuer à une démarche comme ça autant pour Natpro que pour moi comme humaine, que pour ces gens-là qui changent leur vie. On s’est assuré de faire ça le mieux possible. Il y aura sûrement des ratés, parce qu’on ne peut pas penser à tout, mais on s’est assuré de faire ça le mieux possible pour que ça se passe bien. Notamment il y a un an on a ouvert les portes de l’entreprise à l’âge d’or, et ici l’âge d’or c’est 50 ans et plus et ça doit être 85 % de la population de Saint-Stanislas, parce que la population est vieillissante, puis on a dû refuser des gens tellement qu’il y avait des gens qui voulaient venir. Ça a été vraiment une belle rencontre humaine. Il y en a qui atterrissaient dans mon bureau et je leur parlais de l’arrivée des Tunisiennes pour leur dire que la face de Saint-Stanislas allait évoluer parce qu’il va avoir des gens de l’extérieur puis nous on peut les accueillir du meilleur avec le mieux qu’on peut, mais on a besoin de leur soutien pour les accueillir dans le milieu fait qu’on a toute la communauté de Saint-Stanislas qui sont avec nous là-dedans. Il y a un promoteur immobilier qui nous a supportés pour avoir un logement, le maire, la société de développement économique sont avec nous là-dedans puis ici dans l’entreprise on a pris une demi-heure pour leur présenter c’est quoi la Tunisie versus le Canada, c’est quoi leur religion, qu’est-ce qu’ils mangent, c’est quoi leur culture, ils arrivent d’où et tout ça pour que quand ils vont arriver ben qu’il soit un peu moins dépaysé de les voir faire leur prière ou porter le hijab. On s’est assuré de faire ce qu’il faut le mieux possible pour que ça se passe bien, mais c’est absolument certain qu’il débarque en plein cœur du Québec.

Comment vois-tu l’avenir de Natpro dans les prochaines années?

En fait, on travaille très fort à augmenter notre capacité de production par l’arrivée de nouvelles personnes et aussi on est allé en Italie l’année dernière pour voir s’il n’y a pas des machines qu’on pouvait automatiser certaines opérations c’est sûr qu’il y a des choses que ça va passer par l’automatisation. L’automatisation ne veut pas dire avoir moins de personnel au contraire c’est utilisé le personnel à autre chose. Ça va passer aussi par l’arrivée de nouveaux arrivants parce qu’au Québec la couture ça n’existe plus sur les bancs d’école, ça va prendre l’expertise d’ailleurs alors on a commencé ça pour plus tard. Capacité de production et productivité on met en place ce qu’il faut pour pouvoir augmenter notre productivité qui est très bonne avec les moyens dont on dispose, mais c’est l’amélioration des moyens qu’on fait. On a un coach Lean Six Sigma qui nous a fait un Kaizen on a redésigné l’usine, il y a une bonne partie qui a tout été refaite, on est en installation d’un système ERP pour avoir de la data pour améliorer parce que tout ce qui se mesure s’améliore. Ce qui serait notre fierté dans 5 ans c’est dire qu’on a une usine qui est productive qui a la capacité de production suffisante aussi pour être un joueur important en Amérique du Nord dans l’imper puis dans le forestier.

Je souhaite à toutes les trois le meilleur succès je te remercie énormément Natacha c’est une belle rencontre.