«Vous voulez du succès? Faites le suivi de vos suivis!» – Alain Lemieux, président d’Epsilia

30-01-2015 / Succès d'entrepreneur

Alain Lemieux est président d’Epsilia et membre du conseil d’administration de CQI. Pionnière dans le développement de technologies de pointe, dans la recherche et le développement et dans l’implantation de solutions de traçabilité, son entreprise est aujourd’hui l’une des plus importantes sociétés technologiques au Canada. Elle développe et commercialise des solutions intégrées de gestion efficiente des opérations (production et logistique) pour des secteurs hautement règlementés, par exemple celui de l’agroalimentaire. Elle compte à son actif des centaines de déploiements au Canada, en Europe et aux États-Unis.

Parlez-nous du parcours d’Epsilia.

Epsilia a été fondée en 1983. J’ai joint l’entreprise en tant que programmeur-analyste deux ans plus tard. Puis, en 1988, j’ai eu l’occasion de l’acheter. Au départ, nous développions des logiciels de gestion pour des communautés religieuses au Québec. Je dois dire que cette période s’est avérée une vraie université de l’entrepreneuriat. Nous sommes très fiers de les avoir outillées. Parallèlement, un ami ingénieur m’a demandé si l’on pouvait créer des systèmes de gestion de traçabilité pour un abattoir porcin. L’industrie de la sécurité agroalimentaire présentait un bon potentiel; il y avait peu de concurrence. Le hic, c’est que je ne connaissais pas le domaine. Mes clients et moi avons travaillé en étroite collaboration sur la recherche et le développement pour créer des solutions efficaces. Du porc, nous sommes passés au bœuf, au veau, etc. jusqu’aux fruits et légumes.

En quoi votre produit apporte une valeur ajoutée pour vos clients ?

Epsilia travaille beaucoup avec des manufacturiers industriels. La majorité d’entre eux exportent et doivent montrer patte blanche aux autorités douanières partout dans le monde. La traçabilité se trouve au cœur, non seulement de leur succès, mais parfois de leur survie. Les exigences sont grandes. Par exemple, au Japon, on demande la preuve que les veaux ne sont pas âgés de plus d’un nombre de jours précis. Un producteur qui ne veut pas que l’on bloque ses livraisons à l’entrée doit documenter sur quelle ferme et quel jour le veau est né, à quel abattoir il a été tué et mis sous froid… sous peine de voir sa cargaison détruite. Imaginez les pertes!

Comment se démarque Epsilia de ses concurrents?

Tout d’abord avec nos façons de faire en usine. Chez Epsilia, nous intégrons la traçabilité à même la production. C’est le nerf de la guerre! Toutes les étapes et toutes les composantes sont contrôlées afin d’éliminer les erreurs, et ce, de la matière brute à la livraison. De plus, une surveillance en temps réel ajoute de la valeur. Elle permet à la direction de prendre des décisions éclairées plus rapidement, évitant les pertes pour obtenir un excellent retour sur investissement. Par exemple, notre cliente, une usine de transformation exportatrice de fruits, connaissait un problème d’étiquetage. Les versions chinoises et japonaises étaient inversées. Le produit était conforme, mais tout était bloqué aux douanes à cause de l’emballage! Nous avons mis en place un système automatisé : le lecteur identifie la commande, la bonne étiquette est imprimée et appliquée. Finie, l’erreur humaine!

Quel est le secret de votre succès?

Je dirais que bien saisir le besoin de chaque client est un must pour le succès de toute entreprise. L’équipe d’Epsilia a beaucoup étudié et perfectionné cette étape. Pour bien démarrer, nous prenons soin de valider notre compréhension du besoin avec notre client. Tant que ce n’est pas clair, on ne procède pas. Ensuite, il faut prendre un engagement de part et d’autre. Nous ventilons les étapes avec le plus de détails possible. Finalement, nous appliquons une leçon que j’ai apprise de mon père : faire le suivi du suivi. Nos projets deviennent tellement une partie intégrale de la chaîne de production de nos clients, nous nous marions presque avec leur succès. Je dis souvent « je suis condamné au succès », et c’est vrai, nous devons réussir à tout coup!

Quelle est votre plus grande fierté comme entrepreneur?

Je suis très fier de promouvoir un bel équilibre travail/vie. Nous n’avons pas connu d’arrêt-maladie. Une bonne sélection des membres de notre équipe lors du recrutement contribue aux bons résultats d’Epsilia. Nous encourageons les vacances et nous minimisons les heures supplémentaires. Nous faisons face aux problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent pour trouver des solutions rassembleuses. Puisque nous prenons jusqu’à un an pour bien former notre nouveau personnel, il s’agit d’un investissement important. Notre capital, c’est l’humain! Prenez soin de votre équipe et elle vous rendra fier!

Vous vous impliquez beaucoup dans votre milieu, chez CQI comme ailleurs ?

Oui, du côté personnel, la pédiatrie sociale est une cause qui me touche droit au cœur. Il y a quelques années, ma famille et moi avons été confrontés à des adolescents issus de quartiers défavorisés. J’étais très fâché contre eux; c’était malsain pour tous. Avec le temps, j’ai délaissé ma rage et j’ai décidé de soutenir le travail du Docteur Perreault et de son équipe de travailleurs sociaux et d’infirmières. Ils œuvrent auprès de 350 enfants vulnérables de Trois-Rivières pour leur donner de meilleures chances de bien grandir.

Du côté professionnel, je m’implique auprès de CQI parce que mes clients exportent et je veux aussi qu’Epsilia accède à de nouveaux marchés. On trouve les mêmes défis en traçabilité et en productivité manufacturière partout, pas seulement au Québec! CQI est mon fil conducteur. Il me permet d’apprendre sur l’exportation, de tisser des réseaux uniques et de trouver des partenaires pour mes projets à l’international.

Propos recueillis par Tanya Lauzière, conseillère en création et en stratégie de marque, CQI.